mercredi 28 mars 2007

Les parents débarquent! (chapitre 1)


A force d’entendre Lucas nous raconter les merveilles du Spitzberg, nous avions vraiment envie d’aller les voir par nous-mêmes.
Le prochain départ des Frozen Five pour leur périple de 1000 Km nous a fourni le prétexte : aller embrasser notre fiston avant cette grande aventure.
Nous rentrons juste d’une semaine à Longyearbyen et nous pouvons maintenant le dire à notre tour : le Spitzberg, c’est fantastique !

Depuis Paris, il faut 12 heures et changer trois fois d’avion pour rallier l’archipel du Svalbard au large de la Norvège. Ce temps de vol permet d’entrer progressivement dans le froid polaire et accessoirement, au fur et à mesure que l’on monte vers le Nord, d’enfiler les couches et sous-couches de vêtements techniques qui permettent à nos organismes européens moyennement constitués de supporter les rigueurs arctiques. La température pendant notre séjour est passée de –15°, -19° à +1, +4. Quand le blizzard se lève, ce qui est fréquent là-bas, il faut quasiment doubler l’effet ressenti des températures : on ressent –15° comme – 20° ou – 25°.

Nous avons souvent eu l’impression d’être sur une autre planète tant les paysages, l’immensité, la lumière, le silence absolu quand on s’éloigne de la ville, sont dépaysants. Longyearbyen est une agglomération d’environ 2000 âmes très active et sa population connaît actuellement un baby-boom. Dans l’unique rue commerçante, on croise des mères qui promènent leurs bébés complètement camouflés dans landaus et poussettes. Les enfants vont à l’école à pied ou en luge nordique. C’est un type de luge très élégant et fin, muni d’un siège à l’avant et qu’on trouve partout en Norvège.

La ville est illuminée dès que la lumière baisse, comme pour se protéger de l’environnement extérieur et aussi sans doute, pour dissuader d’éventuels animaux (les ours !) de s’approcher des maisons. On est surpris de voir la lumière constamment allumée dans les maisons, mais il faut dire qu’ici, le charbon permet de chauffer et fournir l’énergie à toute la ville : une gigantesque chaufferie est installée à proximité et alimente, par des tuyaux d’eau chaude qui ponctuent le paysage, tous les bâtiments. Ceux qui ont lu « La Croisée des Mondes » de Philip Pullmann reconnaîtront l’atmosphère de ville minière arctique décrite au royaume des ours de Svalbard…

N’oublions pas que cette ville s’est construite en 1906 pour exploiter les mines de charbon dans les montagnes toutes proches : 11 mines ont ainsi été exploitées, une seule l’est encore aujourd’hui à quoi il faut rajouter une mine éloignée, sur la côte Est du Svalbard, à Svea. Le musée local rappelle comment la ville s’est peu à peu agrandie au début du XXème siècle, comment les premières femmes sont arrivées et avec elles, comment le pays s’est peu à peu constitué en société organisée.

Le sysselman ou gouverneur du Svalbard administre aujourd’hui ce territoire au statut particulier : la Norvège est chargée de permettre son accès à toutes les nations ; dans la pratique, ce sont les pays limitrophes et notamment la Russie (et avant elle l’URSS) qui se sont effectivement installé pour exploiter les mines. Nous nous sommes rendus en moto-neige à Barensburg, ville minière russe autrefois prospère, aujourd’hui tombée en désuétude. Quelques centaines de citoyens russes y vivent. La mine est toujours exploitée mais les ressources viennent aussi du tourisme.

Nous avons mangé un excellent « borstch » ou soupe à la viande dans l’unique bar/hotel/restaurant au style très soviétique, servie par une dame qui s’exprimait ..en russe. Le ketchup aussi était russe !

L’aller-retour Longyearbyen-Barensburg nous a pris la journée : nous avons roulé plus de quatre heures en moto-neige (l’effet est comparable à une moto trial sur un très mauvais terrain avec en prime un niveau sonore qui poussent certains à mettre des boules quiès !), Lucas avait bien évidemment pris un fusil, un téléphone satellite pour donner l’alerte en cas de besoin, quelques provisions de survie (thermos de boisson chaude, biscuits énergétiques) et il avait repéré les cabanes qui pourraient nous permettre de survivre à la nuit arctique si besoin. On peut faire fondre la neige si on a soif mais il est conseillé de la faire bouillir quand on la récupère car des parasites venus de certains animaux peuvent infecter l’homme. Bref, la moindre promenade dans l’Arctique prend tout de suite des allures d’expédition !

Sylvie, maman de Lucas


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