dimanche 24 juin 2007

Photos!

Voici une premiere petite gallerie des photos de l'expé. Manque les descriptions des photos pour l'instant, à suivre... Pas facile de reprendre l'informatique apres 2mois sur les ski!

A bientot,
/Lucas

dimanche 17 juin 2007

Retour à la maison!


Nous sommes arrivé à destination! Difficile à croire mais l'expé vient de s'achever, nous avons rejoint notre point de départ après 77jours de voyage. Mission accomplie, un tour complet du Spitberg en plus de 1000km.

A peine rejoint la piste qui mêne à Longyearbyen, la presse locale est venue nous interviewer. Ce sont ensuite de nombreux amis qui nous ont rejoint pour faire les derniers mètres ensemble et partager quelques bières!

Ca fait en fait 3jours que l'on est arrivé et les festivités commencent tout doucement à s'arreter (super soirée barbecue sur la plage hier!), il est temps de commencer à nettoyer et ranger tout l'equipement.

Merci à tous pour l'accueil fantastique que vous nous avez offert! Merci pour les nombreux mails de felicitations! Les photos suivront prochainement (a selectionner parmi 5000).

Un grand projet qui s'achêve, même avec succes, c'est un peu triste. Mais est-ce vraiment la fin ? Non, je ne le crois pas, Tout ne fait que commencer. Après avoir vécu la partie egoiste de l'aventure, il est temps de partager cette expérience unique avec les amis et le public! De ces échanges naitrons les futurs projets. Ma soif d'aventure ne fait que croitre, je suis accro au voyage "par mes propres moyens", l'effort et la contemplation sont mes drogues préférées. Rien ne s'achêve, ce n'est que le commencement...

A bientot,
/Lucas

-> Lisez l'article d'UNIS sur notre retour

mercredi 13 juin 2007

Carpe Diem

Au moment où je vous écris, le réchaud ronronne, la soupe est prête et Kim est en train de me convaincre que demain je serais de retour chez moi.

Dilemme ! Dois-je me concentrer sur le plaisir de manger une bonne soupe ou anticiper le retour de demain ?

J’ai vite tranché en faveur de la soupe de Kim. Je refuse de m’encombrer de pensées sur ce qui n’existe pas encore : le futur.

Que serait le futur sans les pâtes aux tomates de Kim?

Kim vient d’ailleurs de m’expliquer que le temps présent était la clef du futur et je suis à 100/100 d’accord avec lui : si je ne mange pas ma soupe, je n’irai nulle part demain.

Si on arrive demain à Longyearbyen, on pourra se goinfrer de fromage. On pourrait aussi surprendre tout le monde en arrivant plus tard ou plus tôt.

Mais finalement n’est-ce pas l’inverse qui est vrai ? Le futur comme clef pour comprendre le présent ?
Je sens que je m’y perds.

Ce que j’aime vraiment c’est quand Kim me donne des ordres précis:

1/ Ulli mange ta soupe maintenant !

2/ Ulli, demain tu marcheras jusuq’à Longyearbyen !

3/ Ulli, apprécie l’instant présent !

Et comme je n’ai pas d’arguments intelligents pour répondre à Kim, je vais apprécier l’instant présent : manger ma soupe, mes macaronis, ma mousse au chocolat, m’asseoir sur une pierre plate, sortir quelques blagues et laisser le futur là où il est.

Ulli le bienheureux

mardi 12 juin 2007

Gueule de bois

Hier quelques amis sont venus nous rejoindre pour récupérer nos pulkas. Ils ont apporté quelques preuves de la proximité immédiate de la civilisation à savoir un dîner délicieux.

Nous avons pu savourer deux repas excellents dans la même journée.

Un ragoût de renne, carottes, oignons et pommes de terre, mijoté pendant 4 heures assaisonné juste comme il faut.

Nous avons profité d’une belle soirée autour d’un feu de camp avec nos amis accompagnés d’autres « témoignages » de la civilisation. C’est une journée à marquer d’une pierre blanche.
Merci les amis, c’était vraiment super, même si aujourd’hui, certains d’entre nous ont du mal à s’en remettre.

PS : Nous avons gardé nos skis et nous nous apprêtons à traverser un cours d’eau gonflé par la fonte des neiges.


Mats

Petits Bruits, Grand Silence



Notre vie ici est faite de mille et un détails auxquels nous ne ferions pas attention en temps normal mais qui prennent, dans cet environnement si particulier, toute leur importance.

Le bruit fait partie de ces petites choses essentielles.
Le bruit des skis glissant sur la neige, tassée et dure, ou au contraire fraîchement tombée, ou fondue. Chacun de ces sons est bien distinct ; même le son de mon ski gauche n’est pas le même que celui de mon ski droit.

Les bâtons qu’on plante dans la neige et le son grinçant des patins de la pulka. Le vent qui agite ma veste et soulève des tourbillons de neige. Ou le bruit du réchaud qui nous indique qu’il est temps de le nettoyer.

Tous ce bruits qui remplissent notre vie quotidienne et qui, dans un environnement civilisé à forte activité humaine, seraient demeurés inaperçus.

Et puis il y a le silence, le silence qui s’installe soudain quand le vent s’arrête, quand les autres dorment et que je suis le seul éveillé. Un silence écrasant où le battement de mon propre sang martèle à mon oreille. Un tel silence n’existe que rarement sur cette terre. C’est un silence total, qui vous enveloppe et vous vide à la fois.

Je vous souhaite à tous de connaître un jour le plaisir de ce silence, et aussi celui des petits bruits générés par le ski en pleine nature.

Mats

vendredi 8 juin 2007

Un Printemps qu’on n’oubliera jamais

Il y a exactement 2 mois, à l’occasion de ma première contribution pour ce blog, écrite au cœur d’une tempête typique de la semaine 14, je consacrais mon récit aux différentes joies que le ski m’apportais. Comme il est fort probable que ces quelques mots soient ma contribution finale avant notre arrivée, je considère presque de mon devoir de vous dire si tout ce que j’ai écrit est toujours vrai pour moi. Comment ais-je évolué au cours de ce voyage ? Le ski me procure -t’il autant de plaisir ?

Commençons par les principales évolutions de notre environnement. La nuit et les étoiles ont disparues et le soleil nous accompagne 24 h sur 24. Du coup nous sommes décalés avec cet étrange horaire de GMT+12 qui échange midi avec minuit, nous amenant à dormir le jour et à skier pendant que l’Europe dort.

La neige se transforme incessamment, fond et regèle à l’occasion des rapides changements de températures oscillant de moins 30°C à un confortable 0°C.

Depuis que le ciel bleu nous entoure, nous restons néanmoins en alerte, attendant encore et toujours la véritable énorme tempête de neige comme les Californiens attendent leur grand tremblement de terre.

L’évolution du temps et des températures a complètement transformé la manière de faire la trace, nous skions dans un mélange de neige, d’eau et de boue qui rend la lutte contre les force de friction de plus en plus dure ce qui nous amène parfois à porter nos pulkas.

Quelques soit les conditions, nos luges doivent suivre nos skis et je maintiens que même après 2 mois je peux encore apprécier ces petites foulées qui vous propulsent jusqu’au sommet de la côte et au bord de la nausée, tout en vous apportant malgré tout une incroyable satisfaction.

Parlons ensuite du groupe qui a vécu ses propres transformations. Les semaines passant, l’enthousiasme initial s’est détérioré avec l’apparition de sous-groupes informels.
Cette rupture naturelle était loin d’être inattendue. Notre groupe est constitué de fortes personnalités, chacun fonctionnant sur sa propre longueur d’onde. Il en reste de l’amertume à certains moments et une certaine tristesse aussi.

Je pense que d’une certaine manière, nous garderons chacun des souvenirs différents de ce voyage, chacun avec ses propres instants magiques, de majestueux instants, les crêtes perdues dans les nuages, fondues dans le blanc total , et qui tout d’un coup, émergent sur fond bleu azur.

Nous avons eu une chance inouïe de pouvoir découvrir le Spitzberg sous ces différents aspects, jour après jour.

Finalement le moment est venu pour nous de déchausser nos skis.
L’aventure était encore au rendez-vous de cette dernière étape de randonnée pédestre et nous rencontrons un festival de nouvelles épreuves: cascades à traverser, toundra et marais transformant la progression pédestre en une véritable épreuve. Nous nous souviendrons longtemps de cette dernière semaine !
C’est tout du moins comment je pense actuellement. On en reparlera dans une semaine pour confirmer si j’avais bien raison.

Comme je l’ai dit auparavant, ce voyage est pour moi un rêve éveillé. Maintenant que l’heure du réveil approche, j’aimerais bien retardé encore un peu la sonnerie. Mais ouvrir les yeux sur un jour nouveau, c’est aussi uneinvitation à se lancer dans de nouvelles aventures.

Salutations depuis notre dernier campement dans la neige

Kim

lundi 4 juin 2007

Repos sur Newton

Il est 20h30. Je viens de me réveiller. Je n’ai aucune idée du jour de la semaine et je me souviens à peine que nous sommes au début de Juin. Mais tout ça n’a pas grande importance, l’essentiel c’est qu’aujourd’hui est un jour de repos.

Aujourd’hui, on oublie les huit heures de ski quotidiennes, on dort, on se détend, on lit et on prend la journée comme elle vient.

En fait, je dois reconnaître que les plans initiaux pour cette journée étaient tout autres. Il se trouve que nous bivouaquons au pied du pic le plus haut de Svalbard, le mont Newton. Et on avait vraiment envie de l’escalader jusq’au sommet. Mais la météo en a décidé autrement (il neige et les nuages sont bas).

A la différence de mes compagnons qui sont capables de dormir 12 heures d’affilée, je ne dors jamais très longtemps. Alors pour m’occuper pendant les jours de repos comme aujourd’hui, rien de mieux que le livre sur les noms de lieux à Svalbard (the Place Names of Svalbard Book), dans une édition limitée qui pèse 4kg.

Ce livre plutôt lourd mais bourré d’informations a été transporté par Ulli et Kim depuis notre départ de Longyearbyen. Il donne l’origine de tous les noms de lieux sur l’archipel.

On y trouve des myriades de noms, certains qui sont liés à des histoires incroyables, d’autres qui suscitent l’ennui.

Par exemple, je ne vous conseille pas de chercher l’origine du nom Flatbreen, ce glacier du Sud du Spitzberg ; le livre nous dit laconiquement que c’est un glacier …plat (flat en anglais).

Plus amusant : le Spitzberg a lui-aussi son Mont-Blanc, un pic qui culmine à … 485 mètres. Ou encore,une chaîne de montagnes porte le nom de Jean Paul Casimir Périer, un homme politique français. Quelqu’un sait ce qu’il a fait ?

Revenons à notre mont Newton. Je parie que vous savez à qui cette montagne doit son nom : au mathématicien et physicien renommé Isaac Newton. La petite bosse qui se découpe au sommet du pic a même été appelée Eplet en référence à la pomme de Newton !

Salutations à vous tous, chers lecteurs du blog!

Encore quelques pics neigeux et vallées à traverser et nous serons de retour dans le monde civilisé.

Cheers

Lucas


Note de l’équipe blog: on peut lire une version de ce livre sur le Net :
Norwegian Polar Institute

Et le gagnant est…



Tout d’abord merci à tous de vous être mis à la place d’André le chien. Toutes vos idées étaient vraiment formidables. Mais comme dans toute compétition, il n’y a qu’un seul gagnant possible!

Le gagnant est une gagnante : c’est Karolina qui a su le mieux traduire les souhaits de base d’André : manger, se faire calîner, manger, se faire calîner, manger, etc…

On peut considérer que la participation de la propriétaire d’André n’était pas tout à fait juste, mais le jury a décidé d’accepter sa proposition comme la plus proche de la psychologie de notre ami à quatre pattes.

Nous cherchons actuellement quelle montagne nous allons, comme nous l’avions annoncé, renommer : « Mont Karolina ».

Encore merci à tous de votre aide et bonne journée à vous tous !

dimanche 3 juin 2007

Journal de Asgarbfonna

Voilà 3 jours que nous progressons sur cette calotte de glace qui couvre le nord du Spitzberg.

Lors de mon précédent blog, je vous avais parlé de l’été, du ski en T-shirt, and de mes rêveries allongée dans l’herbe…

Nous avons droit maintenant à un autre aspect de l’été Svalbardien. Les nuages recouvrent souvent l’île, et comme nous nous trouvons sur la partie la plus élevée de l’archipel, nous sommes en permanence au cœur de ces nuages.

La combinaison de l’humidité et du vent soufflant sur cette étendue glacée sans fin impose un tout autre habillement que le simple T-shirt.
De temps à autre blancheur laisse place à une superbe vue, sinon les seuls évènements qui viennent rompre cette immense infinité sont quelques cris comme « un pas à gauche ! », « ppc », et « 5 minutes de pause ! »

Ces cris sont devenus notre standard de communication, fruit de 2 mois de ski par ici : toutes les demi- heures nous relayons celui qui tient la pole position et le leader du groupe qui ouvre la trace parfois dans la neige fraiche vient prendre la dernière place ce que nous résumons par PPC, Pole Position Change.
Toutes les heures, nous faisons une pause qui en moyenne dure plutôt 10 minutes. Enfin, le dernier cri sert à la navigation et vient de celui qui tient la boussole et dirige l’ensemble du groupe.

C’est ainsi que nous marchons des heures durant dans la brume. Mes pensées vagabondent dans le passé ainsi que dans le futur, repensant à tous ceux que j’ai rencontrés, imaginant ma vie en rêve éveillé, anticipant combien cela sera sympa d’être à la maison, de prendre une tasse de café en famille ou une bière avec mes amis, ou encore au prochains voyages que je ferai durant l’été.

Mais pour l’instant je suis ici sur Asgarbfonna, et même si les skis sont parfois bien lourds à tirer et que nous sommes plongés dans la purée de pois, je suis contente d’être là où je suis et mes rêves d’ailleurs sont bien absurdes ; le beau temps fait toujours suite au mauvais puis le soleil de minuit vient nous réchauffer, et quand la brume se déchire enfin nous découvrons les extraordinaires crêtes des sommets qui nous entourent.

Hella

jeudi 31 mai 2007

Après la bronzette, les engelures




La semaine dernière nous avions sortis les shorts.
Aujourd’hui, en shorts, on ne survivrait pas plus d’une demi-heure.
C’est une journée bien froide, c’est sûr! Mais pas en température absolue.
Car l’été arrive presque (bien que certains nient que l’été existe à Svalbard !)

Le problème est toujours le même : rester en adéquation avec l’environnement en maîtrisant le processus complexe de la thermo-régulation.
Aspect certainement le plus caractéristique d’un séjour en région Arctique, la thermo-régulation consiste à rester au chaud et au sec grâce à des vêtements appropriés.
Ca paraît simple en théorie, mais ce n’est pas évident à mettre en pratique!
Au départ, on s’habille en empilant des couches de vêtements, sur le principe de l’oignon.

La première couche, à même la peau, est essentielle ; son rôle est d’absorber la transpiration pour laisser la peau sèche.
Après deux mois passés dans les mêmes vêtements, on ne peut pas dire qu’elle joue son rôle à la perfection…
Une amie Norvégienne me disait : “Si tu transpires, t’es mort”., et elle ne faisait pas référence au squash.
Ici, en pleine nature glacée, la transpiration se transforme instantanément en glace, et ce n’est pas facile de courir pris dans une armure de glace! Il y a de quoi se congeler sur place et être dégoûté à tout jamais de la glace !

Mais revenons à notre oignon, les couches d’isolation , l’essence même du principe de thermo-régulation.
La seconde couche doit diffuser de la chaleur, elle peut donc se résumer à un pull en laine ou à une polaire. On peut aussi rajouter d’autres couches intermédiaires mais rappelez-vous de ce qui vous arrive si vous transpirez.

Le meilleur est pour la fin : la couche externe ou “coque”. Elle doit vous isoler de la neige, du vent et du froid tout en laissant s’échapper votre transpiration. Dans les conditions qui sont les nôtres, cette couche externe devient toujours à un moment ou à un autre une armure de glace, mais dans la mesure où elle isole encore du froid, elle nous suffit.

Où est la logique dans tout ça?

1000mètres plus bas, sur les plages quasi-méditerranéennes de Wijdefjorden, les fleurs s’ouvrent et les troupeaux de rennes paissent paisiblement.
Ici, nous avons remplacé la crème solaire et les lunettes noires par des masques de protection pour le visage et les yeux.

Les rennes ne sont pas franchement concernés par les problèmes de thermo-régulation. La nature les a conçus pour vivre dans cet environnement.
Mais nous, cinq (et demi !) minuscules êtres étrangers à ce milieu, sommes si fragiles que la moindre tempête de neige est capable de nous abattre.

On sait déjà que de tirer une pulka dans un mètre et demi de neige fraîche et lourde n’est pas une partie de plaisir. Mais que voulez-vous, on ne se refait pas, et on est parti pour aller jusqu’au bout de notre challenge !
En attendant, il faut qu’on thermo-régule, sinon…

Signé : Un équipier des Frozen Five vraiment congelé !

mercredi 30 mai 2007

Objets trouvés …et oubliés

Vous-êtes vous déjà demandé ce qui nous différencie, vous et moi ? Pourquoi je suis ici, pourquoi je continue à avancer en tirant ma pulka, pourquoi je vous écris, alors que vous êtes tranquillement chez vous ?Je vais vous donner la réponse : c’est tout simplement parce que je suis étourdi.

J’oublie ce que j’apprends quand je suis en expédition, et c’est pour ça que repars souvent. Je ré-apprends tout. J’oublie aussi les bons moments et je les redécouvre à chaque fois.
Il y a aussi certaines choses que j’oublie sans doute par superstition.



Quand on part en expédition, on choisit son équipement soigneusement, on emporte juste ce qu’il faut mais pas de superflu. Malgré tout, j’ai toujours cette manie de me débarrasser de quelque chose en plus, mes gants par exemple.

Quand nous étions plus au Sud, en train de skier, Lucas qui était devant moi se retourne et me demande ce que c’est que cette chose noire sur la neige derrière moi. Je lui réponds : « de la crotte de chien mais il vaut mieux que j’aille voir ». Deux minutes plus tard je récupérai mon gant !

Une semaine plus tard, je cherche mon bonnet car le temps se refroidit. Pas de bonnet à l’horizon, mais j’avais laissé ma poche de parka grande ouverte. Résultat ? André et moi, on est retourné en arrière à la recherche de mon bonnet.
Nous sommes revenus au bout de 2 heures, après avoir retrouvé mon bonnet en bon état malgré les skis et les pulkas qui lui étaient passé dessus.

Entre-temps, j’ai définitivement perdu mes gants. Ce sera un mystère à élucider pour les glaciologues et les archéologues dans quelques siècles.
J’ai aussi fait tomber mon appareil photo de son boîtier , résultat :une autre séance de recherche avec André.

Je garde le meilleur pour la fin. La semaine dernière, pause déjeuner : en général, je sors ma ration de la poche droite de ma veste. Mais, ô stupeur ! Pas de veste ni sur moi, ni sur ma pulka.

Je me suis rappelé un peu tard que j’avais bien pris une parka avec moi mais je ne l’avais pas fixée sur la pulka…et hop ! Encore deux heures aller-retour pour la retrouver !

J’aime les voyage où on revoit deux fois les mêmes paysages.

Maintenant vous savez tout!

Salutations depuis notre cocon de brouillard

Ulli

lundi 28 mai 2007

Premier bilan: expériences, turbulences, etc…

On a écrit toutes sortes de blogs, des blogs sur les jours blancs, sur notre hygiène intime, des blogs poétiques sur le soleil de minuit. On vous a même envoyé un questionnaire et le chien André s’est débrouillé pour faire entendre sa voix.

Le blog de ce jour vise à un bilan concret et pragmatique de nos expériences .

Au début de notre expédition, les températures étaient glaciales, nous vivions constamment en parka avec notre masque sur le visage. Nous rêvions
du mois de mai et du retour d’un temps plus clément.

Peu à peu les températures sont devenues moins inconfortables avec cette douceur caractéristique provoquée par la brise légère à la fin de l’hiver.

Alors que nous sommes presque en juin, le temps est effectivement moins froid mais l’air est plus humide et le plus souvent, la parka n’est pas superflue.

Quand nous avons quitté Longyearbyen ( une partie de la phrase a disparu lors de la mauvaise transmission par téléphone satellite)…canards et oies. Nous avons vu les goélands ivoire que même l’Institut Polaire Norvégien n’arrive pas à observer.

Le printemps est enfin arrivé dans l’Arctique ! Les jeunes phoques et les oursons sont nés et certains jours, quand le soleil brille, nous skions en tee-shirt et en caleçons longs.

Le paysage autour de nous a changé. Nous traversons maintenant des régions de type alpin, de hautes montagnes aux fortes pentes, des fronts de glaciers massifs qui viennent se fondre dans l’océan et les fjords, distillant une impression de solitude extrême.

Mais nous avons aussi traversé quelques moments tumultueux au sein du groupe. Nous avons eu des discussions et des dissensions. Nous avons du ré-organiser les tentes pour apaiser les conflits de personnes.

Soyons honnêtes avec nous-mêmes. Alors que nous venons de fêter notre passage au point le plus au nord du Spitzberg, j’ai le sentiment que maintenant, chacun vit son expérience de son point de vue et non comme sous le seul angle du groupe. Nos individualités ont repris le dessus.

Nous pointons désormais nos skis vers le Sud et ça sent déjà le retour. Nous allons connaître et traverser d’autres turbulences.

Le printemps glissera doucement vers l’été, et nous abandonnerons les skis et les bâtons pour le sac à dos et les chaussures de marche avant d’atteindre Longyearbyen dans moins de trois semaines

Mats

dimanche 27 mai 2007

Les petits riens qui me manquent tant

Vous espérez lire un poème ? Ou un essai philosophique sur la traversée de la calotte glaciaire du Svalbard ? Aujourd’hui, rien de tout ça !

Aujourd’hui, les kilomètres à ski qui n’en finissent pas ne m’inspirent pas, et je veux vous faire sourire devant vos claviers. Je vous livre la liste des dix objets qui me manquent le plus pendant cette expédition.

Ce sont des objets si quotidiens que vous allez vous demander comment ils peuvent même me manquer.

10) des tranches de fromage fondu, des frites, et de la mayonnaise à gogo; je mentirai si je vous disais que je ne rêve pas d’un bon repas arrosé d’une bière (Tchèque).

9) de la lotion après-soleil : on attrape facilement des coups de soleil quand il fait jour 24 sur 24, surtout si on skie en shorts comme moi, comment se fait-il que je n’ai pas de pharmacie sous la main?

8) un siège : je rêve de pouvoir m’asseoir dans un bon fauteuil pour apprécier le panorama. A mon prochain voyage, c’est décidé, j’emporte un fauteuil avec moi.

7) une bonne bibliothèque : après avoir lu en boucle les “Natural History Essays” de Stephan Gay Gould, j’ai les yeux qui flanchent quand je lis les mots “Darwin” et “evolution”, rien à ajouter…

6) Couleurs : le pantalon vert vif de Lucas, les 20 nuances de blanc autour de nous, la veste rouge de Ulli, et où sont passées toutes les autres couleurs ?

5) une bouilloire électrique ( avec un générateur diesel) : Si je pouvais passer mes soirées à imaginer comment sauver le monde au lieu de faire fondre de la neige, tous nos problèmes seraient résolus depuis longtemps. Et puis le bruit d’une bouilloire électrique est si sympathique.

4) un Jakusi : je ne rêve pas d’une douche mais un Jakusi qui détend les muscles et réchauffe le corps serait pour moi un cadeau des Dieux ! Je me demande s’il on va en trouver un à notre prochaine étape…

3) Oxford English dictionary : pour moi qui ne suis pas Anglais de naissance, c’est toujours utile de vérifier si un mot existe ou pas. On pourra toujours faire un feu avec si on le trouve trop lourd.

2) quelque chose d’autre que du porridge pour le petit déjeuner. Bien qu’il soit préparé avec amour et me soit servi dans mon sac de couchage (merci Ulli et Lucas), ça reste quand même du porridge depuis 56 jours…


1) Innebandy (connu aussi sous le nom de floorball) : enfin ce qui me manque peut-être le plus ! Tous ceux qui me connaissent savent que j’ai vraiment du mal à vivre sans une balle et une crosse à portée de main.

Portez–vous bien, et profitez de tous ces objets que j’affectionne et quand à moi,je vais profiter de tout ce que j’ai ici et qui me manque tant quand je suis chez moi comme la neige, le porridge et la vie en osmose avec la nature.

A bientôt

Kim

jeudi 24 mai 2007

Qui a laissé sortir le chien?

En quête d’inspiration, nous nous tournons vers le monde extérieur.

Ce blog n’est ni philosophique, ni informatif ou humoristique mais du moins, il est inter-actif.

Pour une fois, c’est vous qui allez travailler. Nous sommes trop occupés par nos journées de ski pour atteindre Verlegenhuken.

Résumons la situation. Nous mettons au point le scénario de notre film, un film pédagogique destiné à des collégiens de 12 ans et nous cherchons une idée forte pour la première scène.
Quand on commence par une scène captivante, on est assuré de conserver l’intérêt de la classe toute entière.

Pour cette scène de première importance, nous avons décidé d’exploiter toutes les idées qui pourraient venir du monde extérieur et nous organisons donc un concours de la meilleure scène d’ouverture.

Si votre attention n’a pas faibli (gardez l’esprit clair) voici les détails :
Le film tourne autour de notre cher compagnon à quatre pattes, André. Ce qui explique que le film commence au chenil de Longyearbyen, qu’André quitte pour vivre cette grande aventure.

La question qui nous intéresse et votre mission, c’est d’imaginer ce que pense André à cet instant précis, quand il quitte le chenil.

Contact :
Transmettez les pensées d’André par courriel(881631578544@msg.iridium.com)
En limitant votre message à 160 signes. Envoyez plusieurs courriels si nécessaire et n’oubliez pas de noter votre nom. Le ou la gagnante sera annoncé le 1er juin et on lui trouvera une récompense adaptée, on pourrait donner son nom à une montagne…

Quoiqu’il en soit, comme aux Jeux Olympiques, l’essentiel c’est de participer!

Merci par avance de vos cogitations.

L’équipe du film « Qui a laissé sortir le chien ? »

mercredi 23 mai 2007

Extrait du journal d’André le chien




Je me présente : je suis André, chien Groenlandais, participant à cette grande expédition. J’ai l’impression que ça dure longtemps , mais personne ne m’a dit combien de temps. Le mot « expédition » est un mot long et je me dis qu’un mot long ne peut que désigner un voyage long.

Une expédition! Bof, ils se contentent tous de se déplacer lentement à ski . Avec mes copains chiens du chenil, dans le même temps, nous serions allés jusqu’au Pôle Nord et retour!

Chaque jour, je dois tirer cette pulka lourdement chargée que ce type, Ulli, a surnommé Fiffi. Et ce Ulli, qui soi-disant tire aussi cette pulka, me bouche toujours la vue avec son grand corps ou ses jambes . Quand je me déplace sur le côté pour mieux voir loin devant, il me crie « en arrière » et il faut que je reprenne ma place derrière lui, dans la trace de ses skis.

Heureusement qu’il y a cette fille avec nous. Au moins elle, elle me fait des câlins. Bon, les autres aussi, ça leur arrive…mais franchement, ça serait plus facile s’ils me parlaient tous dans la même langue. Est-ce-qu’ils croient que je parle toutes les langues de la terre ?

Il y a quand même de bons moments. On me nourrit deux fois par jour et je récupère souvent des extras, des miettes et des morceaux de leurs repas qui tombent dans la neige. Une fois, j’ai trouvé une barre énergétique tombée d’une poche : slurps ! « de l’énergie pure », on pouvait lire sur l'emballage. Je n’ai pas compris pourquoi ils étaient si fâchés après moi.

Ils n’étaient pas contents non plus quand nous étions sur Vagabond. Ils voulaient que j’aboie après les ours. Les autres chiens aboyaient, ce n’était pas la peine que je m’y mette aussi. Bien sûr, si un ours essayait de me voler ma nourriture, j’aboierai, mais à part ce cas bien précis, je refuse. Je ne suis pas un chien qui aboie, c’est tout.

Il y a quelques jours, j’ai cru que j’étais arrivé au paradis des chiens : j’ai eu un phoque pour mon dîner. Le gentil trappeur d’Austfjordneset m’a offert le meilleur morceau du phoque : la tête !

Je vais vous laisser car je vois devant moi un rocher qui pointe dans la neige et je vais en profiter pour lever la patte. Même si Ulli n’est pas content, je vais tirer la pulka de côté pour passer au droit du rocher. Franchement, il pourrait éviter de se mettre en colère et me laisser y aller directement ! De toute façon, j’y vais !

Salutations canines

André

dimanche 20 mai 2007

Ma famille du Grand Nord



J’essaye de rassembler mes idées et de trouver un sujet sympa pour le blog, mais ce n’est pas évident de réfléchir après 7 heures de combat contre la gravité pour tirer les pulkas en haut de la colline!

Bon, je pourrais vous parler de la beauté du fjord que l’on vient de remonter, de la quantité d’ours que l’on y trouve, de la couleur des phoques à minuit, ou encore de notre visite chez le trappeur du coin mais admettons-le, tous ces sujets sont bien creux ! Je vais vous parler de quelque chose de bien plus important et vous raconter quelques anecdotes sur les cinq énergumènes avec qui je viens de passer les 50 derniers jours !

Honneur au dames, je commence par Hella qui m’impressionne par son courage et sa détermination. Elle assume parfaitement le rôle de demoiselle dans le groupe et elle a même eu le culot de casser l’élan poétique dans lequel le blog s’enlisait pour parler de chose plus terre à terre ! Peut-être qu’il lui aura fallu 40 jours pour comprendre comment ajuster ses batons télescopiques à la bonne hauteur !

J’en viens à Mats, expert de la vie en plein air qui garde son calme et sa sérénitude en toute situation, je n’oublierai jamais cette soirée sous la tente début avril par moins 30°C. Blotti au fond de mon sac de couchage, je frissonnais et priais pour me réveiller en vie le lendemain, tandis que Mats, imperturbable, nous lisait à voix haute un paragraphe de son livre.

Passons à Kim, écrivain, poète, scénariste et réalisateur du film de l’expédition. Kim est le cerveau du groupe ! Il met à profit tout le temps passé sur les skis pour enrichir ses réflexions, structurer ses idées. Son point faible : le matin ! Durant l’heure qui suit son réveil, il paraît complètement stone, drogué, et peu à peine aligner 2 mots !

Ulli, le clown du groupe. Il a toujours le mot pour rire, c’est un vrai cascadeur. Il a notamment survécu à un accident majeur durant lequel sa pulka lui est passé dessus à pleine vitesse. La plupart du temps Ulli a une énergie phénoménale mais lorsqu’il est KO, c’est d’autant plus impressionnant. Certain soir, il nous a fallu lui porter la cuillère à la bouche pour le nourrir.

Et finalement André, notre chien, qui est un membre à part entière du groupe ! Toujours de bonne humeur, il est d’autant plus énergétique depuis que Staffan (trappeur à Austfjord) lui a donné un crane de phoque à manger. Son seul problème c’est l’adaptation au jour continu ! Dès que l’on s’arrête de skier, il pique une sieste, c’est à se demander ce qu’il fait lorsque l’on dort !

A vous tous qui connaissez mieux que moi mes compagnons, pensez vous que leur comportement est bien normal ?

Tout ce petit monde coexiste plutôt bien, il y a parfois des tensions, de légers accrochages. Grisailles et fatigues sont souvent responsables de la mauvaise humeur passagère. Les décisions de groupes ne sont pas toujours faciles à prendre, il faut faire preuve de flexibilité pour parvenir à un accord commun. Au fond, c’est là que réside la difficulté de l’expédition : progresser tous ensemble ! Le défi physique n’est que secondaire…

Lucas

jeudi 17 mai 2007

Réponses aux questions auxquelles tout le monde pense...sans oser les poser

L’été est arrivé ! Le T-shirt a remplacé la parka, la neige fond et aujourd’hui nous avons même rencontré les premières traces de végétation !

Je viens de passer un moment allongée sur un carré d’herbe au soleil, à côté du refuge d’Austbotnhytta, dans le Wijdfjorden, notre premier refuge depuis le début de l’expédition.

Comme c’est agréable de sentir la brise d’été. Pour la plupart d’entre vous, cette journée ressemblerait à une journée de fin d’hiver, mais pour moi, c’est l’été sous les tropiques !

A côté du refuge, coule un petit ruisseau de neige fondue, c’est le premier que nous rencontrons depuis notre départ il y a un mois et demi.

Le redoux rend aussi plus facile la partie la plus pénible et la plus triviale de notre équipée, je veux parler de la « grosse commission » pour utiliser un vocabulaire imagé.

Dans un contexte civilisé, il est plutôt inhabituel et inconvenant d’aborder ce genre de sujet, mais ici, c’est tout naturel. Après tout, il s’agit d’une fonction normale du corps humain et quand on vit proches les uns des autres 24 heures sur 24, on partage les affres et les problèmes de « l’expédition wc ».

Quand il fait chaud et doux comme aujourd’hui, tout va bien et l’opération est presque aussi simple qu’à la maison. On part en emportant sa pelle et les sacs de papier toilette : le propre et le sale (on brûle notre papier toilette au fur et à mesure de son utilisation), on cherche un endroit un peu tranquille à une distance du camp qui varie de …2 mètres à 50 mètres, en fonction de l’urgence et du besoin d’intimité requis.

Quand le temps est mauvais, ça devient un véritable challenge d’aller aux « toilettes »! Creuser un trou, ériger une protection contre le vent pour ne pas être recouvert de neige, tout est périlleux…et les sacs de papier toilette menacent de s’envoler !

Puisque je suis sur le sujet, j’en profite pour répondre à une question qui m’a été souvent posée vu que je suis la seule femme du groupe : comment je gère mes règles pendant l’expédition?
En fait, il n’y a pas de difficulté particulière, je fais comme à la maison, et mes “déchets” sont brûlés avec le reste du papier toilette.

Quant aux problèmes de sautes d’humeur, je crois que ça tient surtout aux douleurs qu’on peut ressentir et à mon avis, le meilleur remède c’est l’action et le mouvement : par exemple, tirer une pulka dans une forte montée, rien de tel pour oublier ses problèmes, je vous assure !

Tant que je suis sur ce sujet, j’en profite pour répondre à la question subsidiaire : comment survivre avec 4 garçons malodorants ?

Oui, c’est vrai ils ne sentent pas la rose, ils portent les mêmes vêtements depuis 47 jours, ils ne prennent pas de douche…mais moi non plus et franchement, ce n’est pas un problème !


Hella

mardi 15 mai 2007

De l’importance de la neige dans ma vie

Je l’affirme haut et fort : la neige est un élément de grâce et d’harmonie dans notre univers.

La neige nous environne, elle couvre le sol sous nos pieds, et bien souvent, elle nous recouvre aussi. En fait, elle fait partie de nous.
Nous sommes bien au pays de la Reine des Neiges.

Pourtant, je n’ai pas grandi dans un pays où la neige était omniprésente. Je ne sais pas où s’enracine ma fascination pour cet élément.

La neige n’est pas blanche! Elle brille dans le soleil dans des dégradés de vert, de bleu, de rouge, de vert et j’ai l’impression de skier dans des champs de fleurs à l’infini.

La neige réserve des surprises, elle se met dans tous ses états et c’est pourtant toujours la même neige.
Quand elle est dure et compacte comme le béton, même ma pulka Fiffi ne peut y inscrire sa trace.
Quand elle est fraîche et légère, mes skis traversent ses mille et un cristaux, chacun d’eux unique et singulier.

La neige est agréable à goûter quand on la reçoit sur son visage en skiant, mais moins amicale quand on en récupère dans ses sous-vêtements !

La neige parle! Si vous ne me croyez pas, faites un petit tas de neige, marchez dessus et écoutez.
J’aime écouter le crissement de la neige sous mes skis.
Quand je tire ma pulka, c’est à chaque fois une expérience nouvelle:
Si la neige est dure, je m’envole !
Si elle est lourde et épaisse, je m’épuise !

Voici un extrait d’un petit texte que j’ai écrit après avoir difficilement remonté la pente d’un glacier dans une neige fraîche et épaisse :
« Je voudrais ne pas écrire ce qui suit. Je m’agenouille sur mes skis, mon corps encore attaché à la pulka. Je ne saurais dire qui de mon corps ou de mon esprit est le plus anéanti. J’ai tiré mon fardeau si lourd, l’effort fait battre mon cœur à tout rompre, ma vision se brouille, mes jambes se mettent à trembler, je ne sais plus où j’en suis… ».


Après vous avoir fait partagé quelques-unes de mes impressions de chroniqueur des neiges, je voudrais remercier tous ceux qui nous encouragent et nous envoient des messages par téléphone satellite, un merci particulier à ceux qui m’ont souhaité mon anniversaire.

Je termine en vous posant quelques questions, répondez-nous par sms (iridium satellite 881631578544) :
Q’est-ce-qu’on construit avec de la neige ?
Quelle est la couleur qui règne à l’intérieur d’un igloo ?
Quelle est la taille de la Reine des Neiges ?

Pas facile, je sais !

Une mention particulière aux conducteurs de motoneige, Paul et Sigrid : sans vous le monde se serait arrêté de tourner…Merci !

Cheerio !

Ulli

samedi 12 mai 2007

Pourquoi ?



Certains jours, quand la pulka glisse lourdement dans la neige épaisse, quand le vent qui descend de la montagne fait vibrer la tente, je tourne et retourne la même question : pourquoi suis-je ici?
Mais aujourd’hui, cette question ne me trouble pas. Le soleil poursuit lentement sa courbe vers l’horizon et, juste avant de disparaître, commence à s’élever à nouveau .
Aujourd’hui, l’univers est baigné d’une douce et chaude lumière jaune et le ciel bleu est si pur qu’on a l’impression que les montagnes s’y découpent à l’infini.
Le bleu du ciel est clair et foncé à la fois, d’une couleur qu’on ne peut observer que dans une atmosphère pure et sèche.
Aujourd’hui, je sais pourquoi je suis venu ici.

Je suis souvent parti en expédition : marche, ski, canoë. Je connais la chanson de la pagaie qui murmure en plongeant dans l’eau sombre, paradis du castor et du brochet.
J’ai souvent franchi les mers et régulièrement, la même question me traversait l’esprit : pourquoi suis-je parti ?
Pourquoi quitter mon appartement confortable, l’eau courante, le frigidaire plein?

Pas facile de répondre à cette question mais aujourd’hui, je connais la réponse. Cette réponse je l’ai déjà trouvé dans mes voyages précédents et là, elle me frappe à nouveau, alors que nous progressons vers le Nord, baigné d’un côté par le soleil, étirant nos ombres sur la neige, de l’autre.
Je me sens complètement épanoui, comblé, satisfait. J’ai déjà éprouvé ce sentiment de plénitude et je ne l’échangerais contre aucun autre. Cette expédition valait bien la peine d’être entreprise puisqu’elle me permet d’atteindre cet état.

Chez moi aussi, à la maison, avec ceux que j’aime, je me sens épanoui. Je me sens épanoui en ville, en accord avec le rythme de la ville autour de moi. J’aime les villes, j’aime sortir en ville et la sentir vibrer en moi.
Mais il y a quelque chose de fondamentalement différent, et que je n’arrive à pas à transcrire en mots, entre ce que je peux ressentir de bonheur et d’épanouissement chez moi, et ce que je ressens ici, dans la nature vierge et sauvage.

Voilà sans doute pourquoi je continue à partir, à découvrir le monde: pour ressentir cette harmonie avec la nature environnante, sentir mon esprit plus proche des éléments, supprimer toute frontière et sentir ma vie dépendre complètement de l’environnement.

Il n’est pas besoin de partir loin pour éprouver ce que je décris. Cette sensation d’épanouissement total, on peut la trouver aussi dans la musique, dans l’art, dans le travail du bois.

Pour moi, aujourd’hui, c’est ici au Spitzberg, que je l’ai trouvé.

Aujourd’hui, c’est une belle journée. Une journée où je suis en harmonie avec moi-même et la nature.
Même pendant nos plus mauvaises journées, même lorsqu’une chape de nuages plombait le ciel au-dessus de nos têtes, il y toujours eu à un moment ou un autre un petit rayon de soleil pour percer la brume et dessiner une Gloire sur les montagnes autour de nous.

Je crois que c’est Ibsen, le dramaturge Norvégien, qui a dit : « Au sommet des montagnes, c’est là que se tient Dieu et dans les vallées, plus bas, habitent les hommes ».

Aujourd’hui je me sens en accord avec moi-même mais je n’y voie pas de sentiment religieux. Je ne me considère pas supérieur aux autres, héros mythique ou extraordinaire. Je suis moi, je vis ma vie tout simplement comme elle vient et en ce moment, je vis dans un environnement si beau qu’il me donne le sentiment d’être parfait, complet.
Les montagnes, la neige, les glaciers, le soleil et le ciel, tout paraît si proche et en même temps, si loin. Les mouvements de mon corps me font avancer lentement vers le Nord. Mais je ne suis pas venu ici pour skier, pour ces gestes automatiques qui me propulsent . Je suis venu ici pour connaître ce sentiment de complétude, pour le connaître loin de toute civilisation.

Au-dessus de nos têtes, le soleil, dans son trajet sans cesse recommencé, atteint son point le plus bas, et disparaît un temps derrière la montagne. Un air plus froid descend le long des pentes, depuis les glaciers tout proches. Il est temps de s’arrêter et de monter le campement.
J’interromps ma méditation pour retrouver notre routine quotidienne : monter les tentes, faire fondre la neige, cuisiner le repas et bientôt, se glisser dans son sac de couchage direction le monde des rêves.
Mais la sensation ne faiblit pas, ne s’atténue pas : je suis heureux corps et âme, en harmonie avec la nature et avec moi-même.

Mats

P.S. : cet article a été écrit il y a quelques jours déjà. Aujourd’hui, 9 mai, à mi-chemin de notre expédition, nous en sommes à notre trentième campement et deuxième jour de repos. Repos forcé à cause du mauvais temps qui sévit, mais aussi, du fait de l’arrivée d’une équipe spéciale depuis Longyearbyen, la «love-sickness-rescue-patrol» venue encourager le plus jeune et le plus âgé d’entre nous !
Il fait bon vivre ici et maintenant, il fait bon vivre encore. Reste la question de notre raison d’être sur terre tous ensemble : à cette question-là, il n’y a de réponse définitive.

N.B. de l'équipe blog : cet article nous est parvenu il y a trois jours.

mardi 8 mai 2007

Au Nord l'ombre s'éloigne

Nous vous proposons une traduction française du poème publié par Kim, consultable en version originale sur le blog Anglais.

Pas un son pas un bruit
Seule la neige gémit du crépuscule à l’aube.
Aube ou crépuscule?
Le soleil de minuit les recouvre de son ombre géante.

Plus de temps, plus d’horloge,
Les ténèbres reposent, ne les rappelez pas.
Mes rêves sont vides et parfois pleins,
L’Arctique m’appelle, dois-je lui répondre ?

Plus de nuit, les heures défilent claires,
Comment dormir dans cette lumière ?
Mes paupières closes, barrage fragile contre le jour,
Une journée de sommeil recharge mon âme.

Mon esprit libère mes pensées vagabondes.
Je pense au vent, je pense à la neige, aux tempêtes,
A la vie simple, à l’éternité.
Je rêve de fractures, de candeur,

Je rêve à l’avenir, à l’ombre et à l’aube,
A l’amour, à la paix, à la place de chacun,
A l’amertume, à la tendresse,
A la solitude et au bonheur.

Face au soleil, je glisse vers le Nord.
Mes muscles me portent et j’avance,
Le monde dort et moi, j’avance.
Les glaciers pleurent , l’hiver s’éloigne.

Les étoiles ont disparu, les cieux sont bleus,
Jour et nuit, d’un bleu étrange.
La neige scintille dans cette lumière de miracle
Et je médite sur le sens de la vie.

Tous les pourquoi ?, les comment ?
Les avec qui ?, et les qui sait ?
Le chemin de vie jamais ne s’arrête,
Mon esprit s’égare mais mon cœur connaît les réponses.

Je suis d’ici, c’est ma place modeste,
Sous le soleil de minuit qui m’enveloppe,
Me protège, je ne suis pas seul,
L’Arctique revit, l’ombre s’éloigne.

Kim

samedi 5 mai 2007

Un accueil chaleureux sur Vagabond!




Ces derniers jours, nous avons remonté la côte Est, longeant le glacier d’Inglefieldbreen, et mon cœur s’est mis à battre plus fort.

Pas besoin d’une carte ou du GPS, mes skis connaissaient le chemin, j’avais l’impression de revenir à la maison!

Nous n’étions qu’à quelques kilomètres de notre deuxième point de ravitaillement, un endroit particulièrement cher à mon cœur : le voilier polaire français Vagabond.

Nous avons contourné les dernières moraines et suivi le front du glacier, “la ligne bleue du bonheur » comme l’appelle Ulli.

Finalement, Vagabond nous est apparu : fièrement campé dans la petite baie abritée, haute mâture et coque rouge.

Vagabond : la seule présence humaine sur la côte Est, la plus sauvage du Spitzberg.

Eric et France, les skippers de Vagabond font partie de la nouvelle génération d’explorateurs arctiques!

Ces dernières années, ils ont accompli le tour de l’océan Arctique. Avec quelques amis, ils ont franchi le passage du Nord-Est (côte Sibérienne) et l’été qui a suivi, sont rentrés en franchissant le passage du Nord-Ouest (océan Arctique Canadien et Alaska).

Ils vous racontent leurs navigations comme si c’était des voyages d’agrément et de plaisir ! Mais la vérité, c’est qu’ils sont les premiers à avoir accomplis de tels exploits sur un voilier !


Vagabond hiverne cette année à Inglefieldbukta, et Eric et France proposent leur bateau comme camp de base et de soutien logistique à tous les scientifiques qui souhaitent explorer la région.

L’un des projets majeurs dans lequel Vagabond est impliqué concerne la recherche océanographique. L’objectif de ce programme est de comprendre la formation des « saumures » (voir IPEV) dans le Storfjorden tout proche, et leur impact sur l’ensemble de la circulation d’eau de mer dans les océans du globe.



Eric et France nous ont chaleureusement accueillis à bord. Nous avons passé une journée tranquille avec eux, entre repos et discussion à bâtons rompus. Nous avons même eu la chance de voir à nouveau un ours, venu en visiteur jusqu’au bateau (les ours sont nombreux dans cette zone).

Comment remercier Eric, France et leur petite Léonie pour leur accueil ?

C’est mon 4ème séjour sur Vagabond et à chaque fois, je m’enrichis à leur contact : nous parlons de la vie en Arctique et de leurs aventures, tout en appréciant l’environnement exceptionnel où nous nous trouvons.

Voilà pourquoi je suis si heureux d’être revenu une fois encore!

Cette petite baie où hiverne Vagabond dans les glaces, c’est un endroit unique pour moi, un peu comme ma maison !

C’est sans doute là, le sens de notre expédition : le Spitzberg a été notre maison pendant près d’un an (et l’est toujours pour certains d’entre nous), et ce que nous faisons, c’est juste une petite promenade dans le jardin!


Lucas

vendredi 4 mai 2007

les F5 sur Vagabond

Les Frozen five ont atteint le voilier polaire Vagabond!

Les dernières nouvelles sont en ligne dans le journal de bord de Vagabond

mercredi 2 mai 2007

Les couleurs du Spitzberg



Un mois déjà que nous sommes en route ! Notre départ de Longyearbyen me paraît bien loin et pourtant les jours défilent à toute allure.

Même si les tâches quotidiennes ne sont pas les mêmes qu’en terre civilisée, nous avons ici aussi une routine de tous les jours : faire fondre la neige pour tous les usages domestiques, monter et démonter le campement et bien sûr, notre activité principale : skier.
Les jours se suivent à l’identique mais au-delà de la routine, chaque jour a une couleur et une saveur particulière..

Je ne saurais compter les glaciers et les passes que nous avons traversé ce dernier mois, parcourant un paysage blanc et bleu apparemment infini.



Mais le blanc n’est jamais vraiment blanc. Il devient gris dans la brume épaisse, se nuance de bleu dans l’ombre et se pare de toutes les teintes de rouge, d’orange, de rose dans le soleil du soir, ou plutôt le soleil de minuit, puisque nous sommes passés en régime d’été.

Nous en avons profité pour revoir notre emploi du temps en fonction de l’été Arctique.

Puisque nous n’avons plus à tenir compte de la lumière du jour, nous avons changé notre rythme. Nous skions et avançons l’après-midi et la nuit, dans une très belle lumière solaire, et nous dormons le jour, nous alignant sur le soleil.

Quand le vent se calme, on n’entend aucun bruit dans le grand désert blanc et on a l’impression d’avancer dans une terre morte.


Tous les signes de vie sont alors les bienvenus, comme ce couple de rennes que nous avons croisé à Sorkapp. Ils sont venus tout près, inspecter ces étranges créatures qui pénétraient sur leur territoire.

Nous croisons aussi de plus en plus d’oiseaux.

Nous avons rencontré hier notre second ours polaire mais, comme le premier, il a eu plus peur de nous que nous de lui! Il s’enfuyait déjà alors que nous venions à peine de le repérer.

Visiblement, notre caravane de cinq skieurs, sept pulkas et un chien, rend méfiants la plupart des représentants du règne animal de Svalbard !

Nous remontons peu à peu la côte Est du Spitzberg vers le Nord, dessinant notre trace dans le grand désert de neige aux couleurs si vives, laissant retomber derrière nous le silence.
Hella

dimanche 29 avril 2007

Mission Anniversaire



Nos anniversaires arrivent toujours un jour ou l’autre. Le mien, c’était le 26 avril dernier. Nous avions invités tout le monde.
Tout le monde, c’est d'abord les autochtones : Hella, Kim, Lucas, Mats et André. Et puis, tous les autres.

Et ils sont venus!
Quatre scooters des neige alignés devant notre campement.
La Mission Anniversaire était arrivée !

Vous pouvez imaginer comme nous avons été heureux des les voir et de partager toutes les bonnes choses qu’ils nous ont apporté.


Le plus beau cadeau c’est bien sûr, qu’ils soient venus jusqu’à nous.
Conduire un scooter pendant 200 kilomètres dans un territoire hostile et inhabité, pour se rendre à une fête d’anniversaire, ce n’est pas banal !
Ce n’est plus une expédition, c’est une mission !

J’en suis encore complètement bouleversé et heureux. Avec nos amis, Sigrid, Sanna, Päl et Trond, nous avons fait à Flabreeen la plus belle fête au monde.

Ils sont repartis vers le Nord avec quelques lettres pour les personnes qui nous sont chères et nos meilleurs pensées pour le voyage du retour.

Parmi toutes les choses importantes dans ma vie, l’amitié tient une place première.

Nous pensons à vous, les amis. Nous espérons que notre retour s’est bien passé et vous remercions pour cette fête extraordinaire que nous avons partagé.

Ulli

Une chaise longue, un plongeon et le goût de la vitesse

Des nouvelles toutes chaudes de l’Arctique tout froid !

Confortablement installé dans une chaise longue, je contemple une montagne rouge qui s’élève au-dessus d’une baie gelée.

En savourant un bon bain de mer, j’observe la dérive de la banquise.

Je glisse tranquillement sur mes skis à 45km/h et je vois défiler le paysage sauvage et les glaciers du Sud du Spitzberg.

Vous ne comprenez rien à ce que je vous raconte? Continuez à me lire !

Ces derniers jours ont été remplis d’événements mémorables : paysages à vous couper le souffle, moments forts partagés.


Nous avons installé notre campement et sommes restés une journée entière sur un glacier qui surplombe la baie d’Isbukta, où la mer gelée forme une banquise.
Le contraste entre les falaises sculptées du front du glacier et la mer gelée dans la baie était surprenant.

Et j’ai pris le temps de me modeler un fauteuil confortable dans un bloc de neige pour pouvoir profiter pleinement de la vue.

Désolé, mais je ne vous décrirai pas cette vue.
Non que je ne veuille pas le faire, mais les mots me manquent pour décrire une telle plénitude.
J’ai passé toute l’après-midi et la soirée dans mon fauteuil de neige.
Quand nous sommes repassés à ce même endroit quatre jours plus tard, en remontant du Cap Sud, le fauteuil de neige était toujours là, visible à plus de trois kilomètres à la ronde.

J’ai appris à nager dans le jardin de mes parents. Dès mon plus jeune âge, ils m’ont appris à nager dans une eau froide. Je n’ai pas oublié cet apprentissage.
Avec Lucas nous avons voulu célébré l’arrivée des Frozen Five au point le extrême au Sud du Spitzberg.

Ce Cap Sud, on l’appelle aussi le point d’arrêt. Nous avons pourtant continué sur la banquise sur environ 100 mètres. Puis, nous avons creusé un trou d’un mètre de diamètre à travers une glace d’environ 10 cm d’épaisseur.

Vous allez peut-être me croire fou, mais j’ai adoré et apprécié chaque seconde de ce bain de mer dans une eau à moins 1,9°C.
Je me suis déshabillé, j’ai longuement inspiré, expiré, et je me suis laissé glisser dans le trou pour m’immerger dans l’eau glacée: j’étais à la fois complètement vide et dans un état de concentration extrême.
Un des moments les plus intenses de ma vie !

Dernière énigme : comment accélérer à skis sur une surface de neige plane jusqu’à atteindre 45km/h sans aucune aide mécanique ?

Prenez une aile volante : un peu de tissu de parachute, quelques cordes et hop, vous voilà parti !
Un ami m’a prêté son aile volante pour notre expédition.
Jusqu’à présent, nous nous sommes contentés de nous exercer et n’avons pas encore couvert de longue distance grâce à ce mode de propulsion.
Se trouver entraîné à grande vitesse sur la neige, par la seule force du vent, quel plaisir, quel bonheur!
Plaisir de la vitesse pure sans bruit et sans machine.
Le vent siffle dans les cordages de l’aile volante : c’est la chanson de la vitesse que j’entends.

Ulli

samedi 28 avril 2007

la vraie nature du PBM

Dans l'article de mercredi 25 avril, les Frozen Five faisaient allusion à un produit, dont j'ai compris (avec difficulté vu les distorsions de son de la correspondance satellite du message audio) qu'il s'appelait le PBM et qu'il agissait comme un produit hydratant et anti-odeurs.

Erratum! Par sms, Lucas m'a expliqué clairement qu'il s'agit en réalité de VBL ou "Vapor Barrier Liner", un sac à viande anti-buée que l'on glisse dans son sac de couchage pour garder son duvet sec!

Ce nouveau terme sera peut-être difficile à ressortir dans les dîners en ville, mais c'est certainement un accessoire important dans la vie de nos jeunes explorateurs.

Sylvie, équipe blog

mercredi 25 avril 2007

les F5 au coeur de l'actualité scientifique

Un article du Monde en date d'hier sur l'expédition arctique Tara et le programme européen de recherches Damoclès.


La tente, comme la vie, c’est une histoire de choix !





Abandonnant pour un temps leur humeur philosophique, les Frozen Five se proposent, dans cette nouvelle série d’articles, de vous livrer quelques éléments d’informations pratiques sur leur vie de groupe, ou de l’importance de la tente dans la vie de l’explorateur arctique.

Car c’est bien là que tout se joue : dans la tente!

Qui parle avec qui? Qui utilise du “PBM”( un produit humidifiant supprimant les odeurs corporelles) ? Et pourquoi les deux jeunots de l’équipe n’ont trouvé la seconde entrée de leur tente que la semaine dernière ?

Commençons par André, le chien.
Qu’il neige ou qu’il vente, André garde le campement, à l’abri derrière le mur de neige que nous construisons chaque soir.

Ensuite, nos deux tentes :
“Roméo”, que nous appelions au début tente n°2, qui abrite Hella et ses deux mentors, Mats et Ulli.
Et enfin, la tente des jeunes, romantiquement baptisée « Juliette », qui héberge Lucas et Kim.

Nos deux maisons de tissu , prévues pour quatre personnes, avec deux entrées, nous assurent un espace de vie suffisant et une bonne protection contre les éléments.
De format cylindrique, avec deux arceaux , et un espace interne de vie fonctionnel, elles sont parfaitement adaptées à l’environnement arctique. Nous avons même un espace de rangement, et creusons un trou “cuisine” chaque soir dans l’abside.

Notre vie au quotidien dans la tente nous occupe énormément.

Par exemple, les tentes « Roméo » et « Juliette » ont chacune leur façon préférée de récupérer la neige et de la faire fondre pour boire et préparer la cuisine.

Le trio de “Roméo” installe son réchaud dans la pièce interieure de la tente, y faisant régner une température d’environ plus 15°C.

Au contraire, les garçons de « Juliette » ont choisi Nansen comme modèle : ils se font pousser la barbe pour développer l’isolation corporelle et laisse leur réchaud dans l’abside. Lucas fait le porridge du matin, et Kim est responsable du dîner le soir.



Comme le dit très justement Lucas : “ Nous passons deux tiers de l’expédition dans notre tente”…Vous comprenez pourquoi nous sommes si attachés à notre petit chez nous!

Les Frozen Five

mardi 24 avril 2007

sms de lucas

Avons atteint cap sud le 22 avril.Pour célébrer Ulli et moi ns sommes baignés dans trou au milieu banquise.bisous.lucas

lundi 23 avril 2007

Jour blanc


Un monde tout blanc, compact et blanc. Blanc comme du porridge.

Un monde sans point de repères, sans haut, ni bas, juste la trace de mes skis derrière moi.

Devant moi, tout est blanc. Il n’y a rien, ou peut-être tout?
Devant moi, un univers invisible.

Impossible de prédire ce qui va surgir devant, au prochain pas, je vais peut-être tout à coup devoir grimper ou glisser dans une pente.
Sans point de repères, le temps et l’espace disparaissent.
L’imagination prend le relais.

Est-ce une montagne devant moi ou une illusion de mon esprit?
Vers quoi est-ce que je me dirige ?
Mes yeux sont mobiles et cherchent désespérément un point précis sur lequel s’attarder mais il n’y a que du blanc, toujours du blanc.

Tout à coup, quelque chose, un petit point. Je le fixe avec difficulté, mais non, ce n’est rien. Juste une poussière sur le verre de mes lunettes de soleil.

Je poursuis ma route et commence à transpirer. C’est donc que ça monte puisque je transpire. Et là, au loin, je discerne les contours d’une montagne, enfin quelque chose sur lequel reposer un instant ses yeux et son esprit.
Mais la montagne disparaît.

A nouveau me voici dans le blanc total et je serais effrayé s’il n’y avait cette trace de skis derrière moi qui guide mes compagnons.

La trace que je laisse me pousse à avancer. Mais voici que Ulli, depuis l’arrière de la caravane, me prévient que je me suis trompé et m’indique la bonne direction. Je me suis encore écarté de notre route.
Je tourne mes skis et je repars, les yeux vissés sur le grand vide blanc. Les yeux aveuglés par le blanc, tournés en moi-même.

Je repars dans ce monde blanc avec pour seul repère ma propre imagination.

Encore un jour blanc, un jour aveugle.

Mats

“le jour blanc” désigne un type de temps où les nuages bas, les chutes de neige et le blizzard, qui transforment constamment le paysage en déplaçant la neige, suppriment toute visibilité et donne une impression de blancheur uniforme.

vendredi 20 avril 2007

La vie, l'univers et tout le reste

En direct de l’Arctique !

J’ai trouvé le sens de la vie!

Non en fait pas vraiment, du moins pas encore !

Mais maintenant que j’ai retenu toute votre attention, parlons un peu des questions vraiment importantes : ce que je ressens en skiant dans le Sud sauvage du Spitzberg et comment je supporte le constant fardeau de « Bozena » et « Lyyli », mes deux pulkas, sans oublier la question qui revient toujours : pourquoi je fais tout ça ?

Maintenant que nous avons repris notre marche vers le Sud, l’excitation de la découverte me porte à nouveau. Là, devant, quelque part, se trouve notre objectif : le cap solitaire de Sorkapp. Le point qui nous rapprochera le plus géographiquement de nos pays d’origine, mais aussi le lieu le plus isolé et sauvage de notre voyage.

Il nous faut encore au moins trois jours de ski pour atteindre ce point. Aujourd’hui, nous avons pénétré dans le territoire de Sorkapp, accueilli par des traces fraîches d’ours polaires, mais aussi une myriade de ruisseaux d’eaux fondues et le brouillard blanc dont nous avons maintenant bien l’habitude. Cette dernière frontière ne se laisse pas aisément franchir.

Chacun a sa méthode pour résister à la fatigue et tirer jour après jour sa pulka lourdement chargée. Pour moi, résister, c’est s’appliquer à apprécier chaque mouvement de mes skis qui passent inlassablement l’un devant l’autre.
Quand la fatigue s’installe, c’est parfois une épreuve d’avancer mais, si le mouvement du corps est en harmonie avec l’esprit qui l’anime, alors l’épreuve devient supportable.

Mais, me direz-vous, pourquoi se mettre dans une telle situation si c’est si pénible?

Honnêtement,je pense que ce que nous vivons nous permet d’échapper aux pièges et aux obligations de la vie en société.

Dans le grand désert blanc, ma vie habituellement si occupée se simplifie à l’extrême et ramène à trois choses : manger, dormir et skier, classées par ordre d’importance.
Le manque total de confort est un faible prix à payer pour pouvoir être en osmose avec la nature.

Quant aux risques qu’on prend quand on s’engage dans une expédition comme la nôtre : d’un certain point de vue ils sont élevés (par exemple, être attaqué par des ours polaires) mais bien faibles d’un autre côté (peu de chance de se faire écraser par ici).

Croyez-moi si vous voulez mais je suis plus préocupé du sort de ceux qui me sont chers que de ma propre personne, ici, dans le grand Sud du Spitzberg. Après tout, j’ai quatre amis et mon chien André qui me protègent !

Je pense bien à vous, vous envoie un peu de la magie de ce pays de glace et vous souhaite un excellent printemps (ou automne pour ceux qui ont la tête en bas).

Kim


PS : Je garde le meilleur pour la fin, la grande nouvelle du jour : nous avons enfin vu le Roi de l’Arctique.
Nous ne devons pas sentir très bon car il s’est contenté décrire un grand cercle autour de nous, en restant à une distance égale d’environ 1,5 km.

lundi 16 avril 2007

Le présent et l'infini

Voilà trois jours que nous sirotons avec plaisir le cocktail spécial que l’Arctique nous a concocté.
VBN : 1/3 de Vent, 1/3 de Blizzard et 1/3 de Neige fraîche.

Nous tirons inlassablement nos pulkas lourdement chargées (en kilos ?) autour du fjord Hornsund que nous contournons pour atteindre le cap Sud.

La tache est d’autant plus pénible que la couche de neige est profonde.

Notre caravane arctique, sous ses allures pachydermiques, progresse lentement mais sûrement. Mais quelle est la force qui nous pousse à poursuivre cette quête inutile à travers ce désert froid qu’est le Spitsberg ?



La curiosité est très certainement l’un des moteurs de notre équipe, curiosité de découvrir le paysage derrière le prochain col, de pouvoir contempler le massif de montagnes que nous découvrirons.
Chacun contemple le paysage à sa manière, le regard affûté par différentes disciplines scientifiques.

Kim, le géologue, remarque les structures rocheuses et en déduit l’histoire des montagnes.
Mats, le biologiste, repère les lieux de bivouac des perdrix des neiges, le seul oiseau à hiverner au Spitzberg.
Hella quant à elle s’intéresse aux formes des zastrugis, les structures de neige sculptées par le vent.
Ulli repère le mouvements des glaciers et anticipe les zones de crevasses.

Quant à moi, c’est la glace de mer qui me passionne, la banquise. Lorsqu’elle recouvre les fjords et les baies, quelques centimètres de banquise suffisent pour nous ouvrir de nouveaux espaces infinis et de fantastiques raccourcis.

Mais attention, la contemplation doit parfois s’effacer devant la concentration

En effet pour naviguer correctement dans l’environnement que nous parcourons il faut rester à l’affût des dangers potentiels: gelures, rencontre avec un ours, crevasses.

Lorsque la marche est pénible et la fatigue se fait sentir, la concentration sur l’instant présent est également un moyen de s’extraire de la dure réalité, d’oublier la neige qui fouette la visage, le vent qui gèle jusqu’aux os, afin de profiter de l’environnement unique que nous parcourons.

« L’infini est dans le fini de chaque instant ».

Inspiré par les textes de Sylvain Tesson qui, parcourant le désert de l’ Oustiourt au Kazakstan, par plus 45° Celsius, tente de s’échapper du fluide de la durée, je me concentre sur le temps présent pour m’extraire du continuum du temps et de l’espace.

« Dans l’univers de l’ici et maintenant règne le calme éternel
car le vent et le blizzard, privés de surface ne peuvent s’y déplacer ».

Lucas

vendredi 13 avril 2007

La nature dicte sa loi




Il y a deux jours, mercredi matin, nous avons quitté la station polonaise de Hornsund en pleurant d’un oeil et en riant de l’autre.

En pleurant parce ce que c’était triste de quitter à nouveau la civilisation, en riant parce que nous étions impatients dans le même temps de continuer notre périple.
La différence, c’est que maintenant notre route n’est plus aussi rectiligne qu’avant. Surtout du fait de l’état de la glace dans cette région à cette époque-ci de l’année.

Tout d’abord, nous avons décidé d’essayer de suivre la rive de Hornsund et de traverser la banquise plus à l’Est.


Donc nous avons traversé Hansbreen et longé un canyon étroit qui nous a mené à l’endroit où nous voulions traverser.
Au bout du canyon, nous avons dû tirer nos pulkas lourdement chargées en haut d’un mur de neige d’environ 10 mètres de haut. Après des efforts infructueux, nous avons décidé de tirer tous ensemble les pulkas une par une.



La banquise dans la baie mesurait environ 20cm d'épaisseur et avait la consistance de paquets de glace agglomérés entre eux. Nous avons entamé une discussion pour savoir s’il était prudent de traverser à cet endroit avec nos pulkas.

Le problème s’est résolu de lui-même pendant la nuit : au matin nous avons constaté que la glace s’était brisée et qu’on ne pouvait vraiment plus passer.



Svalbard nous a encore une fois donné la preuve qu’ici, seule la nature décide et pas l’homme. La nature ayant décidé que nous n’irions pas par ce chemin, il nous faut en trouver un autre.

Nous sommes donc retournés sur Hansbreen à nouveau, et avons prévu d’aller plus à l’Est sur les glaciers pour retrouver la route que nous pensions prendre pour remonter depuis le Cap Sud où nous avons un dépôt de nourriture.

Nous allons donc essayer de joindre le Cap Sud de cette façon.

Si la route est imprévisible, le temps l’est aussi. Aujourd’hui, nous n’avons pas bougé du camp car la température est remontée au-dessus de zéro et il a commencé à pleuvoir.

Malgré tous ces problèmes accumulés, je suis heureuse de me retrouver sur mes skis. Le retour au campement après deux jours de « civilisation » m’a donné l’impression de rentrer à la maison !

Hella

PS : Ulli invite tout le monde à sa fête d’anniversaire le 26 avril. Le lieu de la fête est à repérer sur le traceur de notre site. Les cadeaux sont les bienvenus seulement s’ils sont mangeables et digestibles !

Extrait du journal d'Hella à Hornsund



En attendant le prochain message des Frozen Five qui, espérons-le, vont bientôt sortir de la zone de tempête, je vous livre quelques notes envoyées récemment par Hella depuis leur dernière étape de Hornsund. Elles vont permettront de découvrir un peu du quotidien de notre club des cinq !

Je laisse la parole à Hella :

" Hornsund a été pour nous une étape de rêve! Nous avons eu accès à Internet, une chambre chauffée, un lit, une douche,...des plats cuisinés, le luxe quoi!

En effet, depuis notre départ de LYB il y a près de deux semaines, notre rythme a été assez intensif et nous sommes arrivés à Hornsund avec trois jours d'avance par rapport à nos prévisions, grâce aux conditions météo plutôt favorables.

Une cinquantaine de personnes étaient venues devant l'université UNIS nous dire au revoir et nous encourager.
Les deux premiers jours, nous avons emprunté "l'autoroute" utilisée par les scooters et nous avions l'impression d'être encore près de la civilisation. Le 3ème jour,nous avons pu enfin nous en éloigner et tracer notre propre route.

Au début, j'ai trouvé la charge de ma pulka difficile à tirer, bien qu'elle soit un peu moins lourde que celle des "garçons". Mais peu à peu je m'y suis habituée.
Nous avons eu ce passage de mauvais temps entre les fjords VanMijen et Van Keulen. Nous avions dressé notre campement dans la passe entre les deux fjords et avons décidé de ne pas bouger pour laisser passer le gros temps.



Après cet épisode, nous avons été d'émerveillement en émerveillement! Les paysages sont d'une beauté à vous couper le souffle. Pour ma part, j'ai trouvé ma place dans le groupe et j'apprécie chaque instant de notre périple.

Nous nous comprenons et nous sommes bien coordonnés.Je partage une tente avec Ulli et Mats et nous avons mis en place un fonctionnement de routine. Notre tente est vaste mais à trois dedans, il faut prévenir les deux autres quand on a besoin de se déplacer.Vu les températures que nous connaissons (souvent moins 30° la nuit) toute action doit être réfléchie, comme, par exemple, faire fondre la neige et faire bouillir l'eau obtenue.

En nous réveillant à 7h du matin, vu le temps que nous prennent tous les actes quotidiens, on est prêts à décoller que vers 10h30, idem le soir pour monter le campement et préparer à dîner.

Comme nous sommes trois dans ma tente, nous faisons la cuisine à tour de rôle, on a donc deux soirées sur trois de libres pour tenir son journal, se détendre,etc..et aussi deux matins sur trois où on prend son petit déjeuner dans son sac de couchage, ce qui est appréciable quand il fait moins 25° dehors!

Mon sac de couchage me tient bien au chaud la nuit. Il se couvre de glace comme les autres quand je dors, mais pendant le jour, il sèche au solail sur ma pulka.

A partir de Hornsund, les choses vont se corser : d'une part, l'étape sera plus longue (27 jours) et d'autre part, vu les mauvaises conditions de la glace, nous allons devoir chercher notre chemin jour après jour. Nous vous communiquerons des nouvelles de notre progression dès que nous pourrons.

Encore un mot sur notre chien André : il tire avec beaucoup de force et nous obéit bien. Il adore se faire caresser. C'est un compagnon fidèle et affectueux pour nous tous.



A bientôt pour la suite de nos aventures!

Hella.

mercredi 11 avril 2007

Face à la tempête




La base polonaise de recherches de Hornsund est le seul endroit où nous pourrons avoir un accès Internet pendant notre expédition. Les scientifiques et l'équipe logistique de la station sont adorables avec nous et j'en profite pour les remercier pour tout ce qu'ils ont fait pour nous pendant notre étape chez eux.

Nous avons été bien occupés ce mardi 10 : réparation de diverses pièces cassées, par exemple le trépied de la caméra; colmatage des joints des grand sacs plastique dans lequel nous glissons nos sacs de couchage et qui en assurent l'étanchéité, histoire
d'éviter d'avoir de la glace qui se forme à l'intérieur.

Nous avons aussi refait le chargement de nos pulkas avec le ravitaillement déposé au préalable à Hornsund.

Nous voici maintenant prêts pour la suite : une étape qui doit durer 27 jours!!! Ce qui veut dire que les pulkas sont deux fois plus chargées qu'au départ de Longyearbyen.

Qui plus est, vu l'état de la glace à Hornsund, nous allons être obligés de prendre la route la plus difficile.

Nous allons avancer dans un labyrinthe de falaises abruptes, marcher sur une couche de glace incertaine et sans doute la banquise sera-t'-elle insuffisamment prise par endroits.

A cela il faut ajouter les ours polaires - leurs traces sont omniprésentes dans cette région - et une petite brise sympathique (dans les 10m/s).

Vous comprendrez pourquoi nous sommes tous à la fois impatients et légèrement anxieux à l'idée de tout ce qui nous attend.
Nous partons cependant dans un état d'esprit très positif, prêts à relever les défis à venir.

Nous ferons "face à la tempête"! Espérons néanmoins que ce ne sera pas au sens littéral!

Amicales pensées depuis Hornsund, profitez bien du printemps!


Kim et toute l'équipe des Frozen Five

mardi 10 avril 2007

Une nuit à Hornsund palace!


Un tout petit message depuis la base de recherches de Hornsund, surprise surprise, même ici au milieu de nulle part il y a Internet !!

Nous sommes arrivés a la base en fin d'après-midi lundi et avons été accueillis très chaleureusement, 10 minutes après notre arrivée nous avions les pieds sous la table et l'on nous servait a manger!!!

C'est une petite base, avec 8 personnes durant l'hiver mais une douzaine en ce moment. Les Polonais sont très accueillants et amicaux , c'est un plaisir de faire leur connaissance, la vie ici semble très différente de longyearbyen.

En tout cas c'est une opportunité unique d'être ici, et de rencontrer ces gens et de partager un tout petit bout de leurs activités. en dehors des scientifiques, personne ne vient ici, la zone est interdite aux scooters et touristes!

J'ai regardé le blog et je te remercie très fort pour tout ce que tu fais c'est vraiment super! Ca nous a fait vraiment plaisir de voir tout nos message et bien d'autres encore (génial le coup des swiss pools!!-voir blog en Anglais-).

J'ai consulté le compteur du website qui est monté jusqu'à 700 visites par jour cette semaine.
Je tombe de sommeil, et je vais aller me coucher, mais sinon tout va bien, presque trop bien jusqu'à maintenant, mais je suis sûr que ça va se corser très bientôt.. coup de vent prévu pour jeudi, 30noeuds!
Kim va essayer de te transmettre quelques photos mais c'est pas dit que ça passe car la connection semble instable.

Lucas

PS : les photos sont passées, vous en avez la primeur! Sylvie