dimanche 29 avril 2007

Mission Anniversaire



Nos anniversaires arrivent toujours un jour ou l’autre. Le mien, c’était le 26 avril dernier. Nous avions invités tout le monde.
Tout le monde, c’est d'abord les autochtones : Hella, Kim, Lucas, Mats et André. Et puis, tous les autres.

Et ils sont venus!
Quatre scooters des neige alignés devant notre campement.
La Mission Anniversaire était arrivée !

Vous pouvez imaginer comme nous avons été heureux des les voir et de partager toutes les bonnes choses qu’ils nous ont apporté.


Le plus beau cadeau c’est bien sûr, qu’ils soient venus jusqu’à nous.
Conduire un scooter pendant 200 kilomètres dans un territoire hostile et inhabité, pour se rendre à une fête d’anniversaire, ce n’est pas banal !
Ce n’est plus une expédition, c’est une mission !

J’en suis encore complètement bouleversé et heureux. Avec nos amis, Sigrid, Sanna, Päl et Trond, nous avons fait à Flabreeen la plus belle fête au monde.

Ils sont repartis vers le Nord avec quelques lettres pour les personnes qui nous sont chères et nos meilleurs pensées pour le voyage du retour.

Parmi toutes les choses importantes dans ma vie, l’amitié tient une place première.

Nous pensons à vous, les amis. Nous espérons que notre retour s’est bien passé et vous remercions pour cette fête extraordinaire que nous avons partagé.

Ulli

Une chaise longue, un plongeon et le goût de la vitesse

Des nouvelles toutes chaudes de l’Arctique tout froid !

Confortablement installé dans une chaise longue, je contemple une montagne rouge qui s’élève au-dessus d’une baie gelée.

En savourant un bon bain de mer, j’observe la dérive de la banquise.

Je glisse tranquillement sur mes skis à 45km/h et je vois défiler le paysage sauvage et les glaciers du Sud du Spitzberg.

Vous ne comprenez rien à ce que je vous raconte? Continuez à me lire !

Ces derniers jours ont été remplis d’événements mémorables : paysages à vous couper le souffle, moments forts partagés.


Nous avons installé notre campement et sommes restés une journée entière sur un glacier qui surplombe la baie d’Isbukta, où la mer gelée forme une banquise.
Le contraste entre les falaises sculptées du front du glacier et la mer gelée dans la baie était surprenant.

Et j’ai pris le temps de me modeler un fauteuil confortable dans un bloc de neige pour pouvoir profiter pleinement de la vue.

Désolé, mais je ne vous décrirai pas cette vue.
Non que je ne veuille pas le faire, mais les mots me manquent pour décrire une telle plénitude.
J’ai passé toute l’après-midi et la soirée dans mon fauteuil de neige.
Quand nous sommes repassés à ce même endroit quatre jours plus tard, en remontant du Cap Sud, le fauteuil de neige était toujours là, visible à plus de trois kilomètres à la ronde.

J’ai appris à nager dans le jardin de mes parents. Dès mon plus jeune âge, ils m’ont appris à nager dans une eau froide. Je n’ai pas oublié cet apprentissage.
Avec Lucas nous avons voulu célébré l’arrivée des Frozen Five au point le extrême au Sud du Spitzberg.

Ce Cap Sud, on l’appelle aussi le point d’arrêt. Nous avons pourtant continué sur la banquise sur environ 100 mètres. Puis, nous avons creusé un trou d’un mètre de diamètre à travers une glace d’environ 10 cm d’épaisseur.

Vous allez peut-être me croire fou, mais j’ai adoré et apprécié chaque seconde de ce bain de mer dans une eau à moins 1,9°C.
Je me suis déshabillé, j’ai longuement inspiré, expiré, et je me suis laissé glisser dans le trou pour m’immerger dans l’eau glacée: j’étais à la fois complètement vide et dans un état de concentration extrême.
Un des moments les plus intenses de ma vie !

Dernière énigme : comment accélérer à skis sur une surface de neige plane jusqu’à atteindre 45km/h sans aucune aide mécanique ?

Prenez une aile volante : un peu de tissu de parachute, quelques cordes et hop, vous voilà parti !
Un ami m’a prêté son aile volante pour notre expédition.
Jusqu’à présent, nous nous sommes contentés de nous exercer et n’avons pas encore couvert de longue distance grâce à ce mode de propulsion.
Se trouver entraîné à grande vitesse sur la neige, par la seule force du vent, quel plaisir, quel bonheur!
Plaisir de la vitesse pure sans bruit et sans machine.
Le vent siffle dans les cordages de l’aile volante : c’est la chanson de la vitesse que j’entends.

Ulli

samedi 28 avril 2007

la vraie nature du PBM

Dans l'article de mercredi 25 avril, les Frozen Five faisaient allusion à un produit, dont j'ai compris (avec difficulté vu les distorsions de son de la correspondance satellite du message audio) qu'il s'appelait le PBM et qu'il agissait comme un produit hydratant et anti-odeurs.

Erratum! Par sms, Lucas m'a expliqué clairement qu'il s'agit en réalité de VBL ou "Vapor Barrier Liner", un sac à viande anti-buée que l'on glisse dans son sac de couchage pour garder son duvet sec!

Ce nouveau terme sera peut-être difficile à ressortir dans les dîners en ville, mais c'est certainement un accessoire important dans la vie de nos jeunes explorateurs.

Sylvie, équipe blog

mercredi 25 avril 2007

les F5 au coeur de l'actualité scientifique

Un article du Monde en date d'hier sur l'expédition arctique Tara et le programme européen de recherches Damoclès.


La tente, comme la vie, c’est une histoire de choix !





Abandonnant pour un temps leur humeur philosophique, les Frozen Five se proposent, dans cette nouvelle série d’articles, de vous livrer quelques éléments d’informations pratiques sur leur vie de groupe, ou de l’importance de la tente dans la vie de l’explorateur arctique.

Car c’est bien là que tout se joue : dans la tente!

Qui parle avec qui? Qui utilise du “PBM”( un produit humidifiant supprimant les odeurs corporelles) ? Et pourquoi les deux jeunots de l’équipe n’ont trouvé la seconde entrée de leur tente que la semaine dernière ?

Commençons par André, le chien.
Qu’il neige ou qu’il vente, André garde le campement, à l’abri derrière le mur de neige que nous construisons chaque soir.

Ensuite, nos deux tentes :
“Roméo”, que nous appelions au début tente n°2, qui abrite Hella et ses deux mentors, Mats et Ulli.
Et enfin, la tente des jeunes, romantiquement baptisée « Juliette », qui héberge Lucas et Kim.

Nos deux maisons de tissu , prévues pour quatre personnes, avec deux entrées, nous assurent un espace de vie suffisant et une bonne protection contre les éléments.
De format cylindrique, avec deux arceaux , et un espace interne de vie fonctionnel, elles sont parfaitement adaptées à l’environnement arctique. Nous avons même un espace de rangement, et creusons un trou “cuisine” chaque soir dans l’abside.

Notre vie au quotidien dans la tente nous occupe énormément.

Par exemple, les tentes « Roméo » et « Juliette » ont chacune leur façon préférée de récupérer la neige et de la faire fondre pour boire et préparer la cuisine.

Le trio de “Roméo” installe son réchaud dans la pièce interieure de la tente, y faisant régner une température d’environ plus 15°C.

Au contraire, les garçons de « Juliette » ont choisi Nansen comme modèle : ils se font pousser la barbe pour développer l’isolation corporelle et laisse leur réchaud dans l’abside. Lucas fait le porridge du matin, et Kim est responsable du dîner le soir.



Comme le dit très justement Lucas : “ Nous passons deux tiers de l’expédition dans notre tente”…Vous comprenez pourquoi nous sommes si attachés à notre petit chez nous!

Les Frozen Five

mardi 24 avril 2007

sms de lucas

Avons atteint cap sud le 22 avril.Pour célébrer Ulli et moi ns sommes baignés dans trou au milieu banquise.bisous.lucas

lundi 23 avril 2007

Jour blanc


Un monde tout blanc, compact et blanc. Blanc comme du porridge.

Un monde sans point de repères, sans haut, ni bas, juste la trace de mes skis derrière moi.

Devant moi, tout est blanc. Il n’y a rien, ou peut-être tout?
Devant moi, un univers invisible.

Impossible de prédire ce qui va surgir devant, au prochain pas, je vais peut-être tout à coup devoir grimper ou glisser dans une pente.
Sans point de repères, le temps et l’espace disparaissent.
L’imagination prend le relais.

Est-ce une montagne devant moi ou une illusion de mon esprit?
Vers quoi est-ce que je me dirige ?
Mes yeux sont mobiles et cherchent désespérément un point précis sur lequel s’attarder mais il n’y a que du blanc, toujours du blanc.

Tout à coup, quelque chose, un petit point. Je le fixe avec difficulté, mais non, ce n’est rien. Juste une poussière sur le verre de mes lunettes de soleil.

Je poursuis ma route et commence à transpirer. C’est donc que ça monte puisque je transpire. Et là, au loin, je discerne les contours d’une montagne, enfin quelque chose sur lequel reposer un instant ses yeux et son esprit.
Mais la montagne disparaît.

A nouveau me voici dans le blanc total et je serais effrayé s’il n’y avait cette trace de skis derrière moi qui guide mes compagnons.

La trace que je laisse me pousse à avancer. Mais voici que Ulli, depuis l’arrière de la caravane, me prévient que je me suis trompé et m’indique la bonne direction. Je me suis encore écarté de notre route.
Je tourne mes skis et je repars, les yeux vissés sur le grand vide blanc. Les yeux aveuglés par le blanc, tournés en moi-même.

Je repars dans ce monde blanc avec pour seul repère ma propre imagination.

Encore un jour blanc, un jour aveugle.

Mats

“le jour blanc” désigne un type de temps où les nuages bas, les chutes de neige et le blizzard, qui transforment constamment le paysage en déplaçant la neige, suppriment toute visibilité et donne une impression de blancheur uniforme.

vendredi 20 avril 2007

La vie, l'univers et tout le reste

En direct de l’Arctique !

J’ai trouvé le sens de la vie!

Non en fait pas vraiment, du moins pas encore !

Mais maintenant que j’ai retenu toute votre attention, parlons un peu des questions vraiment importantes : ce que je ressens en skiant dans le Sud sauvage du Spitzberg et comment je supporte le constant fardeau de « Bozena » et « Lyyli », mes deux pulkas, sans oublier la question qui revient toujours : pourquoi je fais tout ça ?

Maintenant que nous avons repris notre marche vers le Sud, l’excitation de la découverte me porte à nouveau. Là, devant, quelque part, se trouve notre objectif : le cap solitaire de Sorkapp. Le point qui nous rapprochera le plus géographiquement de nos pays d’origine, mais aussi le lieu le plus isolé et sauvage de notre voyage.

Il nous faut encore au moins trois jours de ski pour atteindre ce point. Aujourd’hui, nous avons pénétré dans le territoire de Sorkapp, accueilli par des traces fraîches d’ours polaires, mais aussi une myriade de ruisseaux d’eaux fondues et le brouillard blanc dont nous avons maintenant bien l’habitude. Cette dernière frontière ne se laisse pas aisément franchir.

Chacun a sa méthode pour résister à la fatigue et tirer jour après jour sa pulka lourdement chargée. Pour moi, résister, c’est s’appliquer à apprécier chaque mouvement de mes skis qui passent inlassablement l’un devant l’autre.
Quand la fatigue s’installe, c’est parfois une épreuve d’avancer mais, si le mouvement du corps est en harmonie avec l’esprit qui l’anime, alors l’épreuve devient supportable.

Mais, me direz-vous, pourquoi se mettre dans une telle situation si c’est si pénible?

Honnêtement,je pense que ce que nous vivons nous permet d’échapper aux pièges et aux obligations de la vie en société.

Dans le grand désert blanc, ma vie habituellement si occupée se simplifie à l’extrême et ramène à trois choses : manger, dormir et skier, classées par ordre d’importance.
Le manque total de confort est un faible prix à payer pour pouvoir être en osmose avec la nature.

Quant aux risques qu’on prend quand on s’engage dans une expédition comme la nôtre : d’un certain point de vue ils sont élevés (par exemple, être attaqué par des ours polaires) mais bien faibles d’un autre côté (peu de chance de se faire écraser par ici).

Croyez-moi si vous voulez mais je suis plus préocupé du sort de ceux qui me sont chers que de ma propre personne, ici, dans le grand Sud du Spitzberg. Après tout, j’ai quatre amis et mon chien André qui me protègent !

Je pense bien à vous, vous envoie un peu de la magie de ce pays de glace et vous souhaite un excellent printemps (ou automne pour ceux qui ont la tête en bas).

Kim


PS : Je garde le meilleur pour la fin, la grande nouvelle du jour : nous avons enfin vu le Roi de l’Arctique.
Nous ne devons pas sentir très bon car il s’est contenté décrire un grand cercle autour de nous, en restant à une distance égale d’environ 1,5 km.

lundi 16 avril 2007

Le présent et l'infini

Voilà trois jours que nous sirotons avec plaisir le cocktail spécial que l’Arctique nous a concocté.
VBN : 1/3 de Vent, 1/3 de Blizzard et 1/3 de Neige fraîche.

Nous tirons inlassablement nos pulkas lourdement chargées (en kilos ?) autour du fjord Hornsund que nous contournons pour atteindre le cap Sud.

La tache est d’autant plus pénible que la couche de neige est profonde.

Notre caravane arctique, sous ses allures pachydermiques, progresse lentement mais sûrement. Mais quelle est la force qui nous pousse à poursuivre cette quête inutile à travers ce désert froid qu’est le Spitsberg ?



La curiosité est très certainement l’un des moteurs de notre équipe, curiosité de découvrir le paysage derrière le prochain col, de pouvoir contempler le massif de montagnes que nous découvrirons.
Chacun contemple le paysage à sa manière, le regard affûté par différentes disciplines scientifiques.

Kim, le géologue, remarque les structures rocheuses et en déduit l’histoire des montagnes.
Mats, le biologiste, repère les lieux de bivouac des perdrix des neiges, le seul oiseau à hiverner au Spitzberg.
Hella quant à elle s’intéresse aux formes des zastrugis, les structures de neige sculptées par le vent.
Ulli repère le mouvements des glaciers et anticipe les zones de crevasses.

Quant à moi, c’est la glace de mer qui me passionne, la banquise. Lorsqu’elle recouvre les fjords et les baies, quelques centimètres de banquise suffisent pour nous ouvrir de nouveaux espaces infinis et de fantastiques raccourcis.

Mais attention, la contemplation doit parfois s’effacer devant la concentration

En effet pour naviguer correctement dans l’environnement que nous parcourons il faut rester à l’affût des dangers potentiels: gelures, rencontre avec un ours, crevasses.

Lorsque la marche est pénible et la fatigue se fait sentir, la concentration sur l’instant présent est également un moyen de s’extraire de la dure réalité, d’oublier la neige qui fouette la visage, le vent qui gèle jusqu’aux os, afin de profiter de l’environnement unique que nous parcourons.

« L’infini est dans le fini de chaque instant ».

Inspiré par les textes de Sylvain Tesson qui, parcourant le désert de l’ Oustiourt au Kazakstan, par plus 45° Celsius, tente de s’échapper du fluide de la durée, je me concentre sur le temps présent pour m’extraire du continuum du temps et de l’espace.

« Dans l’univers de l’ici et maintenant règne le calme éternel
car le vent et le blizzard, privés de surface ne peuvent s’y déplacer ».

Lucas

vendredi 13 avril 2007

La nature dicte sa loi




Il y a deux jours, mercredi matin, nous avons quitté la station polonaise de Hornsund en pleurant d’un oeil et en riant de l’autre.

En pleurant parce ce que c’était triste de quitter à nouveau la civilisation, en riant parce que nous étions impatients dans le même temps de continuer notre périple.
La différence, c’est que maintenant notre route n’est plus aussi rectiligne qu’avant. Surtout du fait de l’état de la glace dans cette région à cette époque-ci de l’année.

Tout d’abord, nous avons décidé d’essayer de suivre la rive de Hornsund et de traverser la banquise plus à l’Est.


Donc nous avons traversé Hansbreen et longé un canyon étroit qui nous a mené à l’endroit où nous voulions traverser.
Au bout du canyon, nous avons dû tirer nos pulkas lourdement chargées en haut d’un mur de neige d’environ 10 mètres de haut. Après des efforts infructueux, nous avons décidé de tirer tous ensemble les pulkas une par une.



La banquise dans la baie mesurait environ 20cm d'épaisseur et avait la consistance de paquets de glace agglomérés entre eux. Nous avons entamé une discussion pour savoir s’il était prudent de traverser à cet endroit avec nos pulkas.

Le problème s’est résolu de lui-même pendant la nuit : au matin nous avons constaté que la glace s’était brisée et qu’on ne pouvait vraiment plus passer.



Svalbard nous a encore une fois donné la preuve qu’ici, seule la nature décide et pas l’homme. La nature ayant décidé que nous n’irions pas par ce chemin, il nous faut en trouver un autre.

Nous sommes donc retournés sur Hansbreen à nouveau, et avons prévu d’aller plus à l’Est sur les glaciers pour retrouver la route que nous pensions prendre pour remonter depuis le Cap Sud où nous avons un dépôt de nourriture.

Nous allons donc essayer de joindre le Cap Sud de cette façon.

Si la route est imprévisible, le temps l’est aussi. Aujourd’hui, nous n’avons pas bougé du camp car la température est remontée au-dessus de zéro et il a commencé à pleuvoir.

Malgré tous ces problèmes accumulés, je suis heureuse de me retrouver sur mes skis. Le retour au campement après deux jours de « civilisation » m’a donné l’impression de rentrer à la maison !

Hella

PS : Ulli invite tout le monde à sa fête d’anniversaire le 26 avril. Le lieu de la fête est à repérer sur le traceur de notre site. Les cadeaux sont les bienvenus seulement s’ils sont mangeables et digestibles !

Extrait du journal d'Hella à Hornsund



En attendant le prochain message des Frozen Five qui, espérons-le, vont bientôt sortir de la zone de tempête, je vous livre quelques notes envoyées récemment par Hella depuis leur dernière étape de Hornsund. Elles vont permettront de découvrir un peu du quotidien de notre club des cinq !

Je laisse la parole à Hella :

" Hornsund a été pour nous une étape de rêve! Nous avons eu accès à Internet, une chambre chauffée, un lit, une douche,...des plats cuisinés, le luxe quoi!

En effet, depuis notre départ de LYB il y a près de deux semaines, notre rythme a été assez intensif et nous sommes arrivés à Hornsund avec trois jours d'avance par rapport à nos prévisions, grâce aux conditions météo plutôt favorables.

Une cinquantaine de personnes étaient venues devant l'université UNIS nous dire au revoir et nous encourager.
Les deux premiers jours, nous avons emprunté "l'autoroute" utilisée par les scooters et nous avions l'impression d'être encore près de la civilisation. Le 3ème jour,nous avons pu enfin nous en éloigner et tracer notre propre route.

Au début, j'ai trouvé la charge de ma pulka difficile à tirer, bien qu'elle soit un peu moins lourde que celle des "garçons". Mais peu à peu je m'y suis habituée.
Nous avons eu ce passage de mauvais temps entre les fjords VanMijen et Van Keulen. Nous avions dressé notre campement dans la passe entre les deux fjords et avons décidé de ne pas bouger pour laisser passer le gros temps.



Après cet épisode, nous avons été d'émerveillement en émerveillement! Les paysages sont d'une beauté à vous couper le souffle. Pour ma part, j'ai trouvé ma place dans le groupe et j'apprécie chaque instant de notre périple.

Nous nous comprenons et nous sommes bien coordonnés.Je partage une tente avec Ulli et Mats et nous avons mis en place un fonctionnement de routine. Notre tente est vaste mais à trois dedans, il faut prévenir les deux autres quand on a besoin de se déplacer.Vu les températures que nous connaissons (souvent moins 30° la nuit) toute action doit être réfléchie, comme, par exemple, faire fondre la neige et faire bouillir l'eau obtenue.

En nous réveillant à 7h du matin, vu le temps que nous prennent tous les actes quotidiens, on est prêts à décoller que vers 10h30, idem le soir pour monter le campement et préparer à dîner.

Comme nous sommes trois dans ma tente, nous faisons la cuisine à tour de rôle, on a donc deux soirées sur trois de libres pour tenir son journal, se détendre,etc..et aussi deux matins sur trois où on prend son petit déjeuner dans son sac de couchage, ce qui est appréciable quand il fait moins 25° dehors!

Mon sac de couchage me tient bien au chaud la nuit. Il se couvre de glace comme les autres quand je dors, mais pendant le jour, il sèche au solail sur ma pulka.

A partir de Hornsund, les choses vont se corser : d'une part, l'étape sera plus longue (27 jours) et d'autre part, vu les mauvaises conditions de la glace, nous allons devoir chercher notre chemin jour après jour. Nous vous communiquerons des nouvelles de notre progression dès que nous pourrons.

Encore un mot sur notre chien André : il tire avec beaucoup de force et nous obéit bien. Il adore se faire caresser. C'est un compagnon fidèle et affectueux pour nous tous.



A bientôt pour la suite de nos aventures!

Hella.

mercredi 11 avril 2007

Face à la tempête




La base polonaise de recherches de Hornsund est le seul endroit où nous pourrons avoir un accès Internet pendant notre expédition. Les scientifiques et l'équipe logistique de la station sont adorables avec nous et j'en profite pour les remercier pour tout ce qu'ils ont fait pour nous pendant notre étape chez eux.

Nous avons été bien occupés ce mardi 10 : réparation de diverses pièces cassées, par exemple le trépied de la caméra; colmatage des joints des grand sacs plastique dans lequel nous glissons nos sacs de couchage et qui en assurent l'étanchéité, histoire
d'éviter d'avoir de la glace qui se forme à l'intérieur.

Nous avons aussi refait le chargement de nos pulkas avec le ravitaillement déposé au préalable à Hornsund.

Nous voici maintenant prêts pour la suite : une étape qui doit durer 27 jours!!! Ce qui veut dire que les pulkas sont deux fois plus chargées qu'au départ de Longyearbyen.

Qui plus est, vu l'état de la glace à Hornsund, nous allons être obligés de prendre la route la plus difficile.

Nous allons avancer dans un labyrinthe de falaises abruptes, marcher sur une couche de glace incertaine et sans doute la banquise sera-t'-elle insuffisamment prise par endroits.

A cela il faut ajouter les ours polaires - leurs traces sont omniprésentes dans cette région - et une petite brise sympathique (dans les 10m/s).

Vous comprendrez pourquoi nous sommes tous à la fois impatients et légèrement anxieux à l'idée de tout ce qui nous attend.
Nous partons cependant dans un état d'esprit très positif, prêts à relever les défis à venir.

Nous ferons "face à la tempête"! Espérons néanmoins que ce ne sera pas au sens littéral!

Amicales pensées depuis Hornsund, profitez bien du printemps!


Kim et toute l'équipe des Frozen Five

mardi 10 avril 2007

Une nuit à Hornsund palace!


Un tout petit message depuis la base de recherches de Hornsund, surprise surprise, même ici au milieu de nulle part il y a Internet !!

Nous sommes arrivés a la base en fin d'après-midi lundi et avons été accueillis très chaleureusement, 10 minutes après notre arrivée nous avions les pieds sous la table et l'on nous servait a manger!!!

C'est une petite base, avec 8 personnes durant l'hiver mais une douzaine en ce moment. Les Polonais sont très accueillants et amicaux , c'est un plaisir de faire leur connaissance, la vie ici semble très différente de longyearbyen.

En tout cas c'est une opportunité unique d'être ici, et de rencontrer ces gens et de partager un tout petit bout de leurs activités. en dehors des scientifiques, personne ne vient ici, la zone est interdite aux scooters et touristes!

J'ai regardé le blog et je te remercie très fort pour tout ce que tu fais c'est vraiment super! Ca nous a fait vraiment plaisir de voir tout nos message et bien d'autres encore (génial le coup des swiss pools!!-voir blog en Anglais-).

J'ai consulté le compteur du website qui est monté jusqu'à 700 visites par jour cette semaine.
Je tombe de sommeil, et je vais aller me coucher, mais sinon tout va bien, presque trop bien jusqu'à maintenant, mais je suis sûr que ça va se corser très bientôt.. coup de vent prévu pour jeudi, 30noeuds!
Kim va essayer de te transmettre quelques photos mais c'est pas dit que ça passe car la connection semble instable.

Lucas

PS : les photos sont passées, vous en avez la primeur! Sylvie





lundi 9 avril 2007

appel surprise pour Pâques

Dimanche soir 8 mars, jour de Pâques, 21h30 : Lucas nous fait la bonne surprise d’un coup de fil via le téléphone satellite ce qui nous a permis d’obtenir plus de détails sur cette première partie de leur périple.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que nos cinq explorateurs sont heureux ! Ils progressent plutôt bien et sont même en avance de plusieurs jours par rapport aux estimations prévues.
La tempête du début, qui les a obligé à s’arrêter deux jours d’affilée, ne les a finalement pas beaucoup ralentis. A cause de cette tempête, ils ont été obligés de poser la tente à 500 m d’altitude et ne l’ont pas bien arrimé. Le vent glacé s’est engouffré à l’intérieur et ils se sont retrouvés avec de la glace dans leurs sacs de couchage!

Mis à part cet épisode, ils ont bénéficié d’un temps exceptionnel, très froid et beau. Les températures basses (moins 25, moins 30°C) sont compensées par une bonne visibilité, du grand soleil et une bonne qualité de neige et de glace.
Les courbatures des premiers jours sont passées et ils se sont habitués à traîner leur pulka. Ils ont connu une journée très pénible de montée et ont été obligés de marcher avec des crampons. Quand la neige est poudreuse, les frictions augmentent et la pulka est plus lourde à tirer, mais ces derniers temps ils ont plutôt de la neige dure et lisse suite au vent qui a soufflé. Dans ces conditions ils en oublient leur fardeau.

Côté ravitaillement, il semble qu’ils aient été trop prévoyants ! A part Ulli, les membres des Frozen Five n’arrivent pas à finir leur ration quotidienne, trop généreuse.
Ils seront demain lundi de Pâques la station polonaise avec 3 jours d’avance et vont y laisser leur excédent.

Ils ont croisé des troupeaux de rennes, mais pas d’ours. Seules, des traces relevées dans la neige attestent de la présence proche des rois de l’Arctique.

Enfin, Lucas nous a dit son émerveillement devant les paysages fantastiques, dont, malgré ses précédentes expériences au Spitzberg, il ne soupçonnait pas la grandeur ! Tout est immense. Les glaciers sur lesquels ils se déplacent sont larges comme deux autoroutes ! et les montagnes sont absolument extraordinaires et démentielles.

Erratum : nous avions fait part de notre difficulté à saisir tous les mots reçus des Frozen Five. Vérification faite : c’est « Nup passet » que nos cinq explorateurs ont traversé et non Nup passage…

Sylvie

samedi 7 avril 2007

Joyeuses Pâques du Grand Nord


Hello, ici Mats des Frozen Five qui vous parle aujourd’hui !

Ca n’a pas été facile pour nous cinq de redémarrer après notre halte forcée de ces derniers jours. Aujourd’hui, nous sommes entrés dans « Nup Passage », nous avons laissé les vieilles montagnes et vallées derrière nous. Nous avons découvert des paysages complètement nouveaux.
Le soleil a brillé toute la journée et nous avons bien avancé. Ca a été une très bonne journée pour nous tous.
Le beau temps nous a mis du baume au cœur, tout le monde est en forme. Notre chien André est parfaitement intégré à notre groupe et il se promène librement dans le campement la plupart du temps.
Nous vous souhaitons à tous de Joyeuses Pâques ! Merci à nouveau pour tous vos messages !
On espère avoir de vos nouvelles bientôt !

Mats

Note de Sylvie : l’équipe blog essaye de rester fidèle aux messages des Frozen Five mais connaît certains problèmes de réception des messages (vent, distorsions,etc..) : on fait le maximum pour retranscrire les nouvelles !
Mats annonce une belle avancée : en effet, comme en témoigne le traceur des Frozen Five, nous pouvons saluer leurs premiers 100 kms ! Bravo à eux !

mercredi 4 avril 2007

Avis de tempête

Bonjour au monde ! Je vous parle depuis l’Arctique !

Nous nous trouvons dans un paysage vraiment particulier et difficile à décrire à vous qui êtes loin. Cependant, je vais essayer de vous faire partager un peu de nos découvertes à travers ce blog.

Dejà près d’une semaine que nous avons quitté la civilisation et bien que nous soyons encore en phase d’acclimatation à l’environnement, nous commençons peu à peu à pénétrer l’univers Arctique.

Les dieux de la météo ont prévu un bon coup de vent sur notre passage et après avoir pris contact avec la station météo de l’aéroport de Longyearbyen, nous avons décidé de nous poser pour laisser passer la tempête.

A l’abri derrière le plus haut mur de neige jamais élevé, nous avons le temps de méditer et d’en revenir aux choses essentielles.

Chaussettes sales et vêtements odorants ? Ce n’est pas vraiment un problème.

De la glace dans le sac de couchage : ça, c’est un vrai problème.

Notre secret pour garder le moral : le même que partout, communiquer, dialoguer, échanger !

Jusqu’ici tout va bien. Les « Frozen Five » tiennent le choc !

Avant que je reprenne les travaux de nettoyage et de réparation du matériel cassé par la tempête, laissez-moi vous donner un bon conseil :

Allez jusqu’au bout de vos rêves !

C’est ce que je fais en ce moment et je peux vous dire que, même si je suis un peu réfrigéré, légèrement sale et endolori par les tonnes de choses que j’ai trimbalé, je suis le plus heureux des hommes!

Kim

d’autant plus heureux en lisant les nombreux messages que vous nous envoyez ! Merci à tous ceux qui nous apportent leur soutien dans le monde entier !

lundi 2 avril 2007

Première communication satellite...et ce n'est pas un Poisson d'avril!


J’ai reçu hier dimanche 1er avril,vers 23h30 le premier message des Frozen Five via leur téléphone satellite. Je recevrai en moyenne 2 à 3 messages par semaine jusqu’à la fin de leur raid, ce qui me permettra d’alimenter en nouvelles les blogs anglais et français. Reportez-vous au relevé sur la carte du site pour suivre en direct leur avancée.

Les photos qui ilustrent le blog sont tirées des archives des Frozen five.

Je laisse la parole à Lucas :

Les cinq membres de l’équipe et le chien André vont bien et à 23h30, ils ont juste terminé d’installer le campement du soir. Ils ont progressé de 20 kilomètres ce dimanche ce qui représente une longue journée de ski dans le vent et le froid et leur a permis de traverser le fjord Van Mijen, fjord qui se termine par Svea.

Il a fait très beau depuis leur départ de Longyearbyen mais froid (moins 30° et plus . Du coup, ils sont revenus à un mode de vie quasi-animale qui tient plutôt de la survie. Tout acte devient très difficile : par exemple, quand on touche le métal, c’est très douloureux. Il faut donc anticiper et décomposer chacun de ses gestes pour éviter la douleur et se protéger les doigts, mais aussi le visage et les pieds, des gelures.

Ce grand froid, difficile à supporter pour l’organisme, a néanmoins facilité la navigation et a assuré une très bonne tenue de la neige sur le fjord.

Vendredi, les Cinq ont reçu la visite de quelques amis de Longyear qui les ont rejoint en scooter et leur ont apporté quelques affaires oubliées (voir message ci-dessous). Ils ont passé la soirée ensemble. Merci pour ce bon moment partagé !

Les Frozen Five remercient aussi tous ceux et celles qui les ont encouragé jeudi 29 mars et gardent un souvenir ému de la belle cérémonie de départ organisée pour eux devant l’Université UNIS.

Ils remercient aussi tous les amis et proches qui leur ont adressés de nombreux messages d’encouragements. A ce sujet, ils nous font une demande : utiliser le formulaire sur le site Iridium

http://messaging.iridium.com/

ou l’adresse mail

881631578544@msg.iridium.com

et ne pas envoyer de message via le site Frozen Five, il y a des problème de lecture à la réception.

Au programme de ce lundi 2 avril : repos pour tous ! Histoire de sécher les affaires qui sont gelées donc mouillées et de soigner les premières courbatures dues au rythme soutenu depuis le départ.

Sylvie

dimanche 1 avril 2007

Premières nouvelles, premiers oublis!


Sanna, une amie des Frozen Five, les a rencontrés hier et nous envoie quelques nouvelles :

" Ils ont atteint l'extrémité de Gangdalen et se dirigent vers Reindalen et le fjord Van Mijen. Après deux jours de ski, ils ne déplorent aucune engelure, aucun ours polaire en vue, mais par contre, ils commencent à s'apercevoir de tout ce qu'ils ont oublié!

Ils m'ont demandé de leur apporter du fuel pour leur réchaud. Je n'avais pas bien compris, j'ai cru qu'ils avaient oublié tout leur fuel, en fait, il leur manquait uniquement le fuel de secours.
Finalement ils s'étaient quand même mieux préparés que je ne le croyais.
Il leur manque encore malgré tout des choses très importantes : par exemple, Ulli réclame sa bouteille spéciale de 500ml..pour faire pipi. il trouve qu'il fait trop froid pour sortir de la tente la nuit...

Donc si vous prévoyez de passer par le Spitzberg, pensez à lui en apporter une!

Les Frozen Five seront ravis de votre visite avec ou sans bouteille.

Comme dit Kim en interprétant librement un proverbe anglais :" Trois visites par jour, c'est l'assurance d'une bonne santé".